À Guelma, le combat des 80 salariés de l'usine de céramique pour sauver, vaille que vaille, leur outil de travail se poursuit. Encadrés par une trentaine de leurs anciens collègues retraités et d'une foule de citoyens solidaires, ceux-ci ont bloqué, hier, l'entrée du site afin d'empêcher la vente aux enchères des équipements décidée par la Société de gestion des participations de l'Etat (SGP), suite à la défection du repreneur italien Eter. Déterminés à aller jusqu'au bout, les salariés ont refusé de laisser entrer le commissaire-priseur et la dizaine d'acheteurs qui se sont présentés sur les lieux, à 9h, escortés par des policiers. Après tractations, la vente aux enchères a dû être annulée et reportée au mois prochain, à condition, apprenons-nous, que le repreneur Eter, premier concerné, s'engage à prendre en charge les honoraires et autres frais de publication revenant au commissaire-priseur. "Le délai qui nous est accordé devrait être mis à profit par les représentants des travailleurs et toutes les bonnes volontés qui s'opposent au démantèlement de l'usine pour multiplier les actions de protestations. Nous sommes forts du soutien de toute la population de Guelma, ce qui nous encourage à aller de l'avant", a indiqué le SG du syndicat, Chaouki Kebbache. Expliquant son plan de bataille, ce dernier affirme que ses camarades et lui sont décidés à observer un sit-in devant le siège de la wilaya avant d'engager une action similaire devant celui de la SGP Est Sud-Est, qui n'a rien fait pour amener le repreneur italien Eter à respecter ses engagements contractuels. "Le repreneur étranger n'a jamais consenti à investir le moindre sou pour redresser le complexe et à le rendre compétitif comme il s'y était engagé en 2007. Bien au contraire, puisque nous ne produisons plus rien depuis au moins deux ans, alors que nous sommes les seuls à fabriquer de la porcelaine en Algérie et que nous pouvons satisfaire la demande nationale et même à l'export en brique réfractaire, par exemple, qui est un produit à forte plus-value et qui est très recherché". Chaouki Kebbache accable les dirigeants de la SGP, dont le siège social est à Annaba, coupables à ses yeux de laxisme, sinon de complaisance à l'égard d'Eter Italie Spa. "Nous n'arrivons pas à comprendre pourquoi aucune mesure concrète n'a été prise à l'encontre du repreneur jusqu'ici, alors que les termes du contrat, surtout ceux relatifs à l'investissement dans l'outil de production et à la préservation des postes de travail sont superbement ignorés. Nous continuerons à dire non au bradage et aux pilleurs des richesses publiques", s'emporte encore notre interlocuteur. Optimiste pourtant, il signalera que rien n'est tout à fait perdu, pour peu que les pouvoirs publics regardent de plus près la demande de reprise de l'usine, qui a été déposée récemment au ministère de l'Industrie par un opérateur privé algérien, lequel est du domaine et qui a les moyens de donner une seconde vie à ce site, assure-t-il. A. Allia