Le règne du technicien français, Christian Gourcuff, à la tête de la sélection algérienne aura été à l'image de l'entrevue avec le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, pour la rupture du contrat, c'est-à-dire... expéditif. Au bout d'un passage de moins de deux ans en tant que responsable technique des Verts, le Breton a négocié une résiliation de contrat en quelques minutes, moins d'une dizaine assurent des indiscrétions. Arrivé au bureau du président de la FAF vers 10h, le désormais ancien coach de l'EN a acté son départ quelques minutes plus tard. "Il a été lui-même surpris par la rapidité de la prise de décision. Il s'attendait à plus de résistance de la part de Raouraoua, mais en fait ce dernier lui a plutôt facilité la tâche. Il faut savoir que dans la tête de Raouraoua, la décision était déjà prise. Gourcuff devait s'en aller et au plus vite, surtout depuis la journée de jeudi dernier", affirme à Liberté une source digne de foi. "Contrairement à ce que tout le monde pense, Gourcuff, lors de son entrevue avec Raouraoua, n'a pas demandé à partir directement. Il a plutôt commencé par dire à Raouraoua qu'il est là pour se soumettre à la décision de la FAF. Je suis prêt à rester ou à partir, c'est comme vous voulez, monsieur le président", a-t-il dit clairement à Raouraoua. Mais directement, Raouraoua lui renvoie la balle : "Ecoutez, vous avez dit dans un journal français que vous vouliez partir, vous avez même dit que la FAF n'a aucun intérêt à garder un entraîneur qui veut partir, eh bien moi, président de la FAF, je vous dis que la fédération n'a effectivement aucune envie de vous garder. Vous avez exprimé publiquement votre désir de partir, et moi j'accède à votre demande", raconte notre interlocuteur. Et de poursuivre : "Quelque peu surpris, Gourcuff acquiesce : ‘'OK, alors c'est bon, je m'en vais'', répond-il à Raouraoua." "En outre, Raouraoua lui a reproché les déclarations faites au journal Le Télégramme, ‘'un journal que vous avez sorti de l'anonymat'', lui a-t-il glissé entre autres. Pour Raouraoua, "il aurait été plus préférable de venir discuter directement avec lui, comme il l'a fait dimanche au lieu de s'agiter dans la presse". Puis rien, les deux hommes décident donc d'enclencher la procédure de résiliation de contrat. Elle prend effet à partir du 31 mars, c'est-à-dire que Gourcuff ne percevra aucune indemnité de départ volontaire, et en contrepartie, Gourcuff ne paye aucune indemnité de rupture de contrat. Voilà pourquoi la FAF ne pouvait pas exiger des indemnités De toutes les façons, Raouraoua n'avait pas d'autre choix que de choisir cette voie, dans la mesure où Gourcuff serait resté même contre son gré à la tête de la sélection algérienne s'il avait exigé une démission en bonne et due forme et par ricochet les indemnités d'une rupture unilatérale de contrat que nous révélions, il y a quelques jours dans ces mêmes colonnes. Pis encore, Gourcuff aurait posé même de nouvelles conditions si la FAF avait réclamé son maintien. À vrai dire, Gourcuff, à travers sa sortie médiatique, a poussé la FAF à envisager elle-même cette rupture de contrat et n'a laissé aucune chance à une éventuelle réconciliation. Quelques instants plus tard, les deux hommes déjeunent ensemble, sans doute pour la dernière fois, histoire de se quitter en bons termes, avant que Gourcuff ne prenne l'avion du retour aux environs de 16h. Entre-temps, Raouraoua instruit son chargé de la communication de publier un communiqué sur la rupture de contrat sur le site de la FAF. Un communiqué rédigé par Raouraoua himself. Un texte laconique qui en dit long sur la colère de Raouraoua après les déclarations de Gourcuff au Télégramme. "La Fédération algérienne de football a résilié à l'amiable le contrat du sélectionneur national, M. Christian Gourcuff, à sa demande. L'intérim sera assuré par M. Neghiz Nabil, entraîneur national adjoint", souligne laconiquement la FAF. Pas le moindre remerciement à Gourcuff pour le travail accompli. Pas la moindre salutation. L'intérim sera assuré par Neghiz Nabil comme pour signifier à Gourcuff que son départ ne va pas enrayer la machine de l'EN. Un message : ce n'est pas les joueurs qui commandent ! En outre, la décision de rompre le contrat de Christian Gourcuff est aussi un message fort en direction des joueurs, surtout les cadres qui ont réclamé publiquement son maintien et qui ont passé leur temps dans l'avion qui les ramenait mardi soir d'Addis-Abeba à Alger à jouer les intermédiaires pour tenter de réconcilier les deux parties. En vain. Tout le monde d'ailleurs se souvient de ce moment de communion entre les joueurs et leur coach après le premier but de Feghouli, l'un des défenseurs opiniâtres de Gourcuff. À travers leur geste, les cadres, sans doute mis au courant des intentions de Raouraoua et de Gourcuff aussi, ont voulu forcer la main aux deux hommes pour envisager une autre solution que la séparation. Des joueurs ont même approché Raouraoua pour retenir Gourcuff, auxquels il a répondu sans ambages : "S'il veut partir, je ne courrai pas derrière lui. Il y a un vieil adage chez nous qui dit que ‘'celui qui te change avec des fèves, vous l'échangez avec la peau''." Habitués au cocon de Gourcuff, certains cadres ont milité pour le maintien de Gourcuff pour en vérité dicter leur loi. Ils ne voulaient pas risquer un changement synonyme d'une remise en cause des acquis. Raouraoua a reçu le message 5/5. La réponse est sans équivoque. Le futur coach national sera un mondialiste Enfin, la succession de Christian Gourcuff à la tête des Verts est en marche. La FAF a décidé de placer la barre très haut en engageant dans les meilleurs délais un technicien de renom qui a l'expérience des équipes nationales et des compétitions internationales, notamment le Mondial. Depuis l'annonce du départ de Gourcuff, les CV pleuvent sur le bureau de la FAF. Des managers de partout dans le monde veulent placer leurs poulains. L'EN d'Algérie est devenue si attractive que les meilleurs entraîneurs du monde se verraient bien prendre les rênes des Verts. Pour sa part, Raouraoua promet que la sélection algérienne aura un sélectionneur de renom, soit à la hauteur des éléments qui la composent. Il a eu le feu vert des autorités du pays pour ne pas lésiner sur les moyens financiers pour se payer une grosse pointure. Il serait hasardeux d'avancer pour le moment des noms, mais une chose est sûre : le futur sélectionneur national sera un mondialiste. Ce qui élague de la liste un certain Djamel Belmadi, ou encore Rolland Courbis pressentis un moment à la tête des Verts. Le futur coach national aura pour mission de tenter de gagner la prochaine CAN prévue en janvier 2017 au Gabon et de qualifier l'Algérie au Mondial 2018 en Russie. S. L.