Après les précédentes visites de prospection, les chefs d'entreprise français sont cette fois-ci attendus sur le terrain de l'investissement productif. Une importante délégation de 120 chefs d'entreprise français, conduite par M. Yves-Thibault de Silguy, président du comité Algérie de la branche internationale du Medef, s'est déplacée en Algérie pour, nous dit-on, “nouer des relations d'affaires et identifier des partenaires potentiels”. Il s'agira, souligne le Medef, “d'évaluer le marché algérien, de s'informer et d'identifier les grands projets de l'Algérie et les opportunités d'investissement”. Cette troisième édition “des rencontres franco-algériennes des chefs d'entreprise” se tient aujourd'hui et demain à l'hôtel Sofitel sous l'égide du Medef international et le Forum des chefs d'entreprise, qui regroupe en son sein les plus grandes entreprises privées et publiques à l'image de Sim, Fruital, Saidal, SNVI, Air Algérie, Tonic Emballage, Orascom, KPMG Algérie, Blanky pour ne citer que celles-là. La délégation des chefs d'entreprise français représente, notamment les secteurs des banques, des assurances, du conseil aux entreprises, des systèmes d'information, du bâtiment et travaux publics, de l'énergie, du transport, de l'hôtellerie, du traitement des eaux, de l'environnement et des industries pharmaceutiques. L'hexagone, 22% du marché algérien Selon l'observatoire de l'information économique du Forum des chefs d'entreprise, durant ces treize dernières années, de 1992 à 2004, la France a été le premier fournisseur de l'Algérie et, selon les années, le deuxième ou le troisième client de l'Algérie. Le document du FCE affirme que le solde commercial a été avantageux pour la France, à l'exception des quatre années suivantes : en 1997 avec un solde positif de 151 millions de dollars, en 2000 avec un solde positif de 756 millions de dollars, en 2001 avec un solde positif de 499 millions de dollars et enfin en 2002 avec un solde positif de 134 millions de dollars. “Les importations de l'Algérie de marchandises françaises ont augmenté substantiellement : elles passent de 2,093 milliards de dollars US en 1992 à 4,126 milliards de dollars US en 2004, soit 22,26% des importations totales de l'Algérie”, lit-on dans les données fournies par l'observatoire de l'information économique du Forum des chefs d'entreprise. La part de la France se situe entre 22 et 25% du montant des importations totales de l'Algérie, tous pays confondus. 43% du montant annuel des importations de la France concernent 9 produits. Les médicaments occupent le premier rang avec un montant de l'ordre de 300 millions de dollars par an en moyenne de la période 1992-2004. Les importations de médicaments de France, en hausse régulière, sont passées de 280 millions de dollars en 1992 à 487 millions de dollars en 2004. Le lait et la crème de lait se situent en deuxième position avec un montant de l'ordre de 194 millions de dollars/an en moyenne de la période 1992-2004. “Les importations de produits laitiers de France représentent 8% du montant annuel des importations de marchandises en provenance de ce pays et 45% du montant des importations de produits laitiers par l'Algérie”, précise le Forum des chefs d'entreprise. Les importations de France de produits laitiers ont baissé de moitié entre 1992 et 2004, indiquent les données du FCE, aussi bien en valeur (134 millions de dollars en 2004 contre 300 millions dollars en 1992), qu'en volume (47 000 tonnes en 2004 contre 106 000 tonnes en 1992). Les véhicules de tourisme occupent la 3e place avec un montant de l'ordre de 150 millions de dollars/an en moyenne de la période 1992-2004. Les importations de véhicules de tourisme, affirme le FCE, ont connu une forte hausse entre 1999 (74 millions de dollars) et 2004 (452 millions de dollars). Le Forum des chefs d'entreprise constate à l'inverse que “la part de la France dans les exportations de l'Algérie a diminué sensiblement de 1992 à 2004”. Selon, les chiffres communiqués, les exportations de l'Algérie vers la France ne représentent en 2004 que 11% des exportations de l'Algérie à destination des pays de l'Union européenne, contre 18% en 1992, les exportations de l'Algérie vers la France ne représentent que 19% des exportations totales de l'Algérie en 2004, alors qu'elles plafonnaient à 25% en 1992 et à 27% en 1998. La France : 3e pays investisseur en Algérie Les hydrocarbures constituent l'essentiel des exportations de l'Algérie vers la France en 2004. Ils représentent 94 à 95% du montant annuel des recettes d'exportation de l'Algérie vers la France. “Cinq produits suivants ont généré 75% de la recette des exportations hors hydrocarbures”, note le document du forum. Il s'agit des déchets et débris de métaux, avec un montant de 30,5 millions dollars, l'hydrogène et les gaz rares avec 28 millions de dollars, l'ammoniac anhydre, avec 22,2 millions de dollars, l'urée avec 17,5 millions de dollars et les dattes avec 13,8 millions de dollars. La fiche de synthèse élaborée par la commission économique de l'ambassade de France, publiée sur son site internet “IDE en Algérie et la présence française”, souligne que “dans le cadre de la relance de la coopération bilatérale entre la France et l'Algérie, le niveau des investissements français se caractérise par une évolution constante depuis 2002. Dans la foulée de la signature de l'aide mémoire sur le partenariat pour la croissance et le développement de juillet 2004 (engagement financier de la France sur l'Algérie de 2 milliards d'euros), le renforcement de la présence française devrait se poursuivre ces prochaines années. À ce titre, l'extension de l'enveloppe de conversion de créances à hauteur des 10% fixés par le Club de Paris (288 millions d'euros) constitue un véritable outil d'encouragement de l'investissement français en Algérie”. La commission économique de l'ambassade de France rappelle que la Banque de France plaçait l'Algérie au 68e rang des destinataires des flux d'investissements français en 2002, avec 21 millions d'euros. En stock, précise la même source, “l'Algérie enregistrait pour la même année un encours de 144 millions d'euros d'IDE français”. “En 2003, les flux d'IDE français à destination de l'Algérie sont restés constants avec 21 millions d'euros, mais l'Algérie est passée au 50e rang des pays destinataires, ce surclassement s'expliquant par la légère baisse des IDE français dans le monde. Selon les statistiques disponibles, la France, avec 344 millions de dollars sur la période 1998-2001, constitue le 3e pays investisseur en Algérie, derrière les Etats-Unis (907 millions de dollars) et l'Egypte (363 millions de dollars)”, indique la Banque d'Algérie. Le document affirme qu'entre 1998-2001, “les investisseurs français sont les premiers investisseurs des pays de l'Union européenne, devant l'Espagne, l'Italie et l'Allemagne”. Les IDE français, souligne la commission économique de l'ambassade de France, sont essentiellement présents dans les hydrocarbures (ElfTotalFina et Gaz de France), l'agroalimentaire (Danone, Castel), la chimie et la pharmacie (Sanofi-Aventis Algérie), les industries manufacturières (Michelin) et les services financiers. M. R. (Lire également rubrique économie)