Une dernière chance au dialogue : le Cnapest, le CLA et le SNTE ont décidé de jouer les intermédiaires. Encerclés depuis deux jours par un large et impressionnant dispositif sécuritaire, les enseignants grévistes étaient coupés hier de tout contact notamment avec la presse empêchée d'accéder sur le lieu de la grève de la faim. Les services de sécurité ont également dépêché des véhicules équipés de brouilleurs rendant impossible toute communication téléphonique avec l'extérieur. Des enseignants venus de Tébessa soutenir les grévistes ont été, eux aussi, empêchés d'approcher leurs collègues. L'accès a été également fermé aux équipes de télévision et des journalistes venus, comme à l'accoutumée, couvrir l'événement. Tous les accès menant vers la cité des 950-logements où se trouve le campement des enseignants ont été fermés par des barricades et de nombreux camions de CRS acheminés, depuis avant-hier, sur les lieux. Et c'est dans cette ambiance électrique que des enseignants très épuisés mais nullement impressionnés ont commencé à scander leurs slogans favoris demandant l'intégration sans condition. L'assaut pour déloger les grévistes de la faim était attendu, hier matin, surtout après la déclaration du ministre de l'Intérieur, qui a affirmé, avant-hier, qu'il userait de la force publique pour les déloger, tout en les invitant à lever le camp, mais il n'a pas eu lieu. Et pour cause, trois syndicats, le Cnapest, le CLA et le SNTE ont décidé de jouer les intermédiaires pour renouer le dialogue avec la tutelle et les services de sécurité afin d'éviter d'éventuels affrontements. Une équipe de fonctionnaires du ministère de l'Education a été dépêchée une nouvelle fois, hier, par Mme Benghabrit, sur les lieux, pour entamer les discussions permettant de trouver une issue sans dommage à ce conflit qui dure depuis plus d'un mois. "Nous avons décidé de jouer les intermédiaires pour désamorcer cette crise et éviter le pire", nous a affirmé Moussa, membre du bureau national du Cnapest. Cette nouvelle initiative a poussé les services de sécurité à desserrer, hier après-midi, l'étau autour des grévistes. "Il y a possibilité de sortir de la crise pourvu que le gouvernement crée les conditions propices permettant d'amorcer un véritable dialogue permettant de satisfaire les revendications des enseignants en leur garantissant la sauvegarde de leur emploi", indique un responsable du CLA. Les grévistes de la faim épuisés et exténués de fatigue, de faim et de maladie, semblent afficher toujours la même détermination. "Nous sommes là, nous ne bougeons pas mais nous n'userons d'aucune violence, nous serons pacifiques jusqu'au bout", souligne une enseignante très abattue. Pour rappel, le ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui, avait déclaré, ce jeudi, que des mesures seront prises dans le cadre de la préservation de l'ordre public en cas de persistance du mouvement de protestation des enseignants contractuels à Boudouaou (Boumerdès). Il a, par ailleurs, incité les enseignants protestataires à réintégrer leur poste de travail. "Le gouvernement leur avait accordé suffisamment de temps pour parvenir à des résultats positifs par la voie du dialogue", assure le ministre ajoutant que "dès le début, le gouvernement a été très réceptif et a fait montre d'une intention sincère à l'égard des protestataires". Après cet intermède, pour le premier policier du pays, il s'agit de passer à l'action : les déloger de force. Une pratique participant de la "gestion démocratique des foules", chère au DGSN toujours prompt à réagir contre les mouvements pacifiques. M. T.