À la veille de la venue de Saïd Khelil à l'université de Bouira pour donner une conférence, l'administration de l'université Akli-Mohand-Oulhadj de Bouira avait fait part de l'interdiction de cet événement, sous prétexte de l'interdiction des activités politiques dans les universités. Finalement, un arrangement a été trouvé entre les organisateurs et le recteur de l'université. De la sorte, Saïd Khelil, ancien détenu et secrétaire du FFS, responsable du MCB, et figure du mouvement 80, a pu donner, hier, sa conférence qui a été suivie d'un débat. En apportant son témoignage sur la chronologie des événements d'Avril 80, leurs moments forts et dramatiques aussi qu'il fallait souligner, le rescapé de ces événements douloureux a avoué ne pas imaginer un jour qu'il allait se retrouver à l'université de Bouira en train de partager ces moments forts, de par leur double symbolique en la célébration du 36e anniversaire du Printemps berbère et de la 15e année du Printemps noir 2001 avec de très jeunes étudiants qui lui rappellent l'existence réelle d'une vraie relève. "C'est à la faveur du mouvement 80 que le processus enclenché avec les revendications des libertés démocratiques que nous avons pu arracher des droits, dont la Constitution de 1989 qui a permis la création des partis politiques et bien d'autres faveurs." "En ce temps-là, il était impensable pour le régime de se plier à la revendication de notre langue qui est un droit fondamental. Tout se passait dans la clandestinité. Le régime nous a ramené Chadli pour nous signifier que nous sommes réellement un peuple amazigh que l'islam a simplement arabisé." Donc pour l'orateur, le combat allait inévitablement continuer, par des emprisonnements, des privations, des grèves et d'autres sacrifices. En outre, Saïd Khelil abordera les complications imposées à la société algérienne. Il citera quand même l'une de ses absurdités : "Allez faire comprendre à ceux qui nous gouvernent que c'est un non-sens de forcer des citoyens kabyles, notamment ceux d'un âge avancé, et qui ne connaissent pas un piètre mot de la langue arabe, à s'exprimer de la sorte devant les représentants officiels de l'administration notamment de la justice." L'orateur a également évoqué l'historique grève du cartable de 1995, soutenue par toute la population kabyle, et même au-delà, qui a permis la création du Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA). F. H.