À l'occasion du premier anniversaire de la disparition du regretté Ahcène Taleb, militant de la cause amazighe et figure de proue du Mouvement culturel berbère, les citoyens d'Ath Abdelmoumène (commune de Tizi n'Tlèta, à 30 km de Tizi Ouzou) ont concocté un programme riche et varié. Cet hommage a débuté depuis vendredi à l'école d'Ath Abdelmoumène par une exposition de photos et de documents sur son parcours. La journée d'hier a été marquée par une marche silencieuse qui s'est étirée de la maison familiale à Tighilt Oumezir jusqu'à sa tombe à Tizgui. Au milieu de cette procession humaine, l'on a noté la présence du P/APW de Tizi Ouzou, des P/APC des Ouadhias et de Tizi n'Tlèta, ses proches et ses anciens compagnons de combat et de nombreux sympathisants. "Nous nous inclinons devant la mémoire de Dda Ahcène. Nous n'oublierons jamais son combat. C'était un homme juste, clairvoyant et sincère dans toutes ses positions. Je promets à toutes les associations qui veulent perpétuer le combat des hommes comme feu Ahcène Taleb que nous sommes là pour les accompagner dans tout ce qu'elles entreprendront à l'avenir", a déclaré le P/APW après le recueillement. Puis la foule s'est dirigée à l'école où son frère, Dr Amar Taleb, a dédicacé son livre édité à titre posthume Ayt Abdelmoumène, repères historiques, sorti au mois d'avril dernier. Après la traditionnelle "waâda" offerte aux visiteurs, il y a eu une projection vidéo sur le parcours exceptionnel de cet homme, suivie de chants entonnés par l'association Ilmezyen Ussirem et en clôture une pièce théâtrale. De nombreux orateurs qui ont connu le défunt, tels que Ramdane Achab, Arab Aknine, le professeur Aït Oussalem, se sont succédé à la tribune pour apporter des témoignages poignants sur la bravoure, la témérité, l'engagement pour les causes justes du regretté. De son côté, Dr Amar Taleb a déclaré que cet hommage rendu à son regretté frère doit être considéré comme "un autre combat pour ancrer ses idées et ses luttes pour la langue amazighe et pour les libertés démocratiques dans l'esprit des jeunes générations appelées à reprendre le flambeau pour imposer une réelle démocratie dans notre pays". Ahcène Taleb est né le 18 janvier 1955 à Ath Abdelmoumène. Après des études primaires à l'école du village puis des études secondaires au lycée Amirouche de Tizi Ouzou et au lycée technique de Dellys, il décrocha son bac en 1975 et poursuivit ses études universitaires à l'école polytechnique de Montréal avant de rentrer au pays au début des années 80 pour exercer comme ingénieur en mécanique à Sonatrach. Ensuite, il enseigna à l'université de Tizi Ouzou où il se lança dans les grandes luttes pour tamazight et les valeurs démocratiques. Il participa au 2e séminaire du MCB à Yakouren et prit part à toutes les marches revendiquant la démocratie au début des années 90, à l'exemple de celle du 25 janvier 1990 à Alger. L'enfant des Ath Abdelmoumène est connu pour ses écrits dans la revue Tafsut imprimée chez lui dans la clandestinité. Une terrible maladie l'a emporté le 31 mai 2015 dans un hôpital parisien. O. Ghilès