L'assassinat de Rafik Hariri a exacerbé les tensions entre le pouvoir libanais, pro-syrien, et l'opposition qui accuse ouvertement la Syrie et exige le retrait de l'armée syrienne avant les élections générales, prévues en mai prochain. Récemment soudée face à la Syrie, cette opposition, composée de chrétiens et de musulmans, a fait assumer aux “pouvoirs libanais et syrien la responsabilité” de l'attentat de lundi. Dans un communiqué, publié lundi soir, à la suite d'une réunion urgente, l'opposition a appelé “la communauté internationale” à se saisir du crime en “formant une commission d'enquête internationale, en raison de l'absence absolue de confiance” dans le pouvoir libanais. L'opposition a exigé “le départ du pouvoir actuel et la formation d'un gouvernement transitoire, ainsi que le retrait total des troupes syriennes avant les élections législatives”, prévues au printemps. Rejetant un appel au dialogue lancé par le président Emile Lahoud, elle a affirmé que ses propres réunions “tiennent lieu de congrès national et reste en séance ouverte”. Des proches collaborateurs de Rafik Hariri, comme le député Walid Ido, ont été jusqu'à dire leur refus de voir le gouvernement pro-syrien participer aux obsèques, prévues aujourd'hui. Le général libanais Michel Aoun, un des ténors de l'opposition, qui vit en exil à Paris, a ouvertement évoqué “la responsabilité de la Syrie”. “Ils sont responsables. Ce sont eux qui tiennent la sécurité et les services de renseignements (à Beyrouth)”, a-t-il déclaré. Michel Aoun a ajouté qu'il soutenait la démarche de la France, qui a demandé une enquête internationale sur l'assassinat. Selon lui, la tenue d'élections est impossible, “tant que le Liban est occupé par la Syrie”. “Les Syriens doivent être tenus en laisse”, a-t-il lancé. Pour un autre député de l'opposition, Marwan Hamadé, qui a été grièvement blessé, en septembre, dans un attentat, après s'être opposé à la reconduction de M. Lahoud à la tête de l'Etat, voulue par la Syrie, “les responsabilités sont connues”. “Elles commencent à Damas, elles passent par (le palais présidentiel libanais) Baâbda et le gouvernement et les services de renseignements libanais”, a-t-il dit. R. I./Agences