Au total, 41 personnes, dont le directeur général de l'Office national des examens et des concours (Onec), ont été auditionnées. La fuite des sujets du baccalauréat 2016 a bel et bien été orchestrée à partir de l'Office national des examens et des concours (Onec). C'est ce qu'a révélé, hier, à Liberté, une source proche du dossier et qui a confirmé les soupçons orientés vers cette institution par les enquêteurs de la Section de recherches de la Gendarmerie nationale (SRGN) de Bab Djedid (Alger) à qui les investigations ont été confiées par le ministère de la Justice, en coordination avec le ministère de l'Education nationale. En effet, trois enseignants, cadres de l'Office, arrêtés dans l'après-midi de dimanche dernier, ont avoué avoir organisé la fuite des sujets sur le réseau social facebook, avant que les candidats au bac ne soient destinataires des copies, dont certaines corrigées, sur leur compte personnel via des plateformes soigneusement montées par des relais criminels. "Ces professeurs ont été arrêtés, auditionnés et placés en garde à vue pour leur implication directe et formelle dans la fuite des sujets. Ils ont tout avoué, d'autant que les enquêteurs détiennent des preuves tangibles et irréfutables", a indiqué notre source. Les unités centrales et les téléphones saisis ont été soumis à des expertises au département électronique et analyse vidéo, dépendant de l'Institut national de criminologie et de criminalistique (INCC-GN) de Bouchaoui. Suite à quoi, les experts du Centre de prévention et de lutte contre la criminalité informatique et cybercriminalité de la Gendarmerie nationale (CPLCIC), basé à Bir-Mourad-Raïs, a établi la preuve matérielle et tangible que ces trois enseignants sont derrière cette fuite organisée. D'ailleurs, c'est sur la base de son enquête qu'ont été déterminées les épreuves à refaire. Selon notre source, les mis en cause ont été mis en examen et placés en garde à vue pour les besoins de l'enquête qui risque, par ailleurs, de se prolonger aux individus qui ont relayé les sujets du bac sur les réseaux sociaux. Aussi, indique la même source, et contrairement aux informations faisant état de son arrestation, le directeur général de l'Onec a été auditionné par les éléments de la SRGN dans le cadre de l'enquête judiciaire en qualité de témoin. Plusieurs magistrats, délégués par le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Tayeb Louh, ont supervisé l'exploitation du renseignement et des auditions afin de traduire les mis en cause devant les tribunaux. L'enquête qui s'est prolongée jusqu'à l'imprimerie n'aurait rien donné, du fait que les auditions des personnels et des témoins ont fait ressortir que les sujets ont été envoyés par des enseignants employés à l'Onec. À la question de savoir les motivations de ces fuites, notre source a précisé que "les mis en cause vont s'expliquer devant le juge d'instruction et devront faire valoir leur motivation pour commettre un tel acte. Une chose est sûre, il ne s'agit pas d'un acte d'un amateur. Mais de professionnels. Ces derniers ont trouvé une brèche au sein de l'Onec avant de passer à l'acte". Au total, ce sont 41 personnes, dont le directeur général, qui ont été auditionnées à l'Onec. Selon la même source, l'enquête se poursuit pour établir les complicités dans les wilayas d'où les fuites de sujets sont parties. Du reste, des ISTN (interdiction de sortir du territoire national) ont été envoyées aux aéroports et à la police des frontières pour faire avorter toute tentative de fuite vers l'étranger des personnes suspectes. Par ailleurs, la même source nous a appris que 5 autres personnes, dont 4 enseignants et un parent d'élève, ont été interpellées hier après-midi à Bordj Bou-Arréridj, Oran et Aïn Témouchent. Ces personnes étaient les premières à réceptionner les sujets fuités du bac bien avant le début de l'examen. FARID BELGACEM