Le ton est monté de nouveau jeudi entre le secrétaire général de l'ONU et l'Arabie Saoudite. Le patron des Nations unies n'y est pas allé de main morte en a dénonçant des "pressions injustifiées" de Riyad et de ses alliés visant à l'obliger à retirer la coalition arabe menée par l'Arabie Saoudite au Yémen d'une liste noire de pays violant les droits des enfants. Ban Ki-moon a confirmé lors d'une conférence de presse que parmi ces pressions figuraient des menaces de "supprimer des financements à plusieurs programmes de l'ONU". L'ambassadeur saoudien Abdallah Al-Mouallimi a immédiatement nié devant la presse que son pays ait "exercé des pressions injustifiées". "Nous n'avons pas utilisé la menace ou l'intimidation ni parlé de financement", a-t-il affirmé. "Ce n'est pas dans notre style ou notre culture d'utiliser menaces et intimidation." Selon des diplomates à l'ONU, l'Arabie Saoudite a notamment menacé de couper des financements à l'UNRWA, qui aide les réfugiés palestiniens et connaît de graves difficultés financières. Riyad a aussi mobilisé en sa faveur l'Organisation de la coopération islamique (OCI) et la Ligue arabe. Pour rappel, l'ONU a cédé lundi à la pression de Riyad en retirant la coalition d'une liste noire annuelle de pays et organisations accusés notamment d'être responsables de la mort d'enfants dans des conflits armés. Ce retrait est présenté par l'ONU comme provisoire, en attendant de plus amples informations. Mais Riyad affirme qu'il est "irréversible et sans conditions". Ban Ki-moon a réaffirmé que l'ONU "s'en tenait au contenu de son rapport (...) qui ne changera pas". "Très bien, a répliqué l'ambassadeur saoudien, à condition que les conclusions (du rapport) soient modifiées." Le document accuse la coalition menée par Riyad, qui soutient le gouvernement yéménite contre les rebelles chiites houthis, d'avoir provoqué la mort de 60% des enfants tués dans le conflit au Yémen en 2015, un chiffre que Riyad conteste. La décision de retirer la coalition de la liste noire "a été une des plus difficiles et douloureuses que j'aie jamais prises", a souligné le patron de l'ONU. Il a toutefois ajouté qu'il avait dû tenir compte de "la perspective très réelle de voir des millions d'autres enfants souffrir gravement si, comme cela m'a été suggéré, certains pays supprimaient des financements à plusieurs programmes de l'ONU". M. T./Agences