Le changement à la tête du département de l'Energie résulte du clash entre Salah Khebri et le P-DG de Sonatrach, Amine Mazouzi, confie un responsable du secteur. La goutte qui a fait déborder le vase a été le limogeage irrégulier du directeur général de l'énergie, M. Hanifi. Alors que ce dernier est nommé par décret présidentiel, le désormais ex-premier responsable du secteur a outrepassé la loi et décidé le départ de M.Hanifi. Salah Khebri reprochait à ce responsable, du fait de son statut de membre du conseil d'administration de la compagnie pétrolière nationale, d'avoir cautionné les changements opérés à Sonatrach. Dans un échange verbal très vif dans le bureau du ministre, M. Hanifi a pourtant expliqué à Salah Khebri qu'il n'avait pas le pouvoir de s'opposer à ces changements, expliquant que le P-DG de Sonatrach avait les prérogatives de procéder à ces nominations. À l'origine du courroux de Salah Khebri, on évoque le remplacement par Amine Mazouzi de certains responsables qui étaient, dit-on, "son œil de Moscou à Sonatrach". En réalité, ce fait insolite résume la dérive dans la gestion du secteur de l'énergie. "Salah Khebri ne parlait ni au P-DG de Sonatrach, ni au P-DG de Sonelgaz", ajoute la même source au ministère de l'Energie. Plus grave, au lieu de s'efforcer à relancer le secteur, à mettre en œuvre sur le terrain des stratégies adéquates de rationalisation de la consommation d'énergie, d'efficacité énergétique et de maintien du positionnement de l'Algérie sur la scène énergétique internationale via une dynamique d'exploration et de développement des réserves d'hydrocarbures et de partenariat à l'international, il s'est empêtré dans un conflit personnel. Ce changement donne raison pour l'instant au P-DG de Sonatrach qui était conforté par l'orientation d'Abdelmalek Sellal suivant laquelle Sonatrach est autonome dans la gestion technique de ses activités. Le nouveau titulaire du poste de ministre est un ancien du secteur. Noureddine Bouterfa cumule une expérience de plus de 30 ans en tant que P-DG de Sonelgaz et a assumé de hautes responsabilités au sein de la compagnie nationale d'électricité. Il a occupé en particulier le poste de premier responsable de sa division ingénierie, au cœur du développement de cette firme. Il a fait partie pendant longtemps du conseil d'administration de Sonatrach. Un bémol : on lui doit une part de l'échec du démarrage du programme des énergies renouvelables. Partisan d'une augmentation des prix de l'électricité, il jouera sans doute de son influence. Mais la décision sur cette question restera politique. K. Remouche