Le P-DG de Sonatrach a annoncé, hier, une augmentation de la production de la compagnie en 2016, au moment où se pose la question de savoir s'il est judicieux de porter à la hausse le niveau d'extraction des gisements de pétrole et de gaz quand les prix du brut sont à la baisse. Sonatrach met le cap sur une hausse de sa production d'hydrocarbures à court et moyen termes. Les premiers fruits de l'effort d'investissement semblent déjà enregistrés. En effet, le P-DG de Sonatrach, Amine Mazouzi, a annoncé, hier, une hausse de la production d'hydrocarbures en 2016. "Il y aura une hausse assez importante d'hydrocarbures en 2016 et cette hausse s'est déjà fait sentir avec les résultats obtenus à fin février en cours où les objectifs de production sont atteints à 100%. Vers fin 2016, nous allons certainement dépasser les prévisions", a-t-il déclaré à l'APS. Selon lui, ces projections de reprise de production devraient marquer la rupture après près d'une décennie de repli. Elles sont liées dans une large mesure à des investissements qui ont permis d'optimiser les ressources en pétrole et gaz des puits en exploitation tout en réduisant les coûts de ces investissements. Bonne nouvelle donc, si l'on en croit le P-DG de Sonatrach. Puisque cette nouvelle tendance haussière met fin au problème de volume ou de baisse de production de pétrole enregistré depuis plusieurs années et qui laisse penser qu'avec ces investissements Sonatrach n'aura pas de difficultés à honorer ses engagements internationaux et à consolider sa place sur les marchés du gaz et du pétrole. Mais les choses dans ce domaine sont plus compliquées. D'abord, la déclaration du P-DG de Sonatrach s'avère une maladresse dans la communication. Alors qu'il y a une semaine environ, le ministre de l'Energie, Salah Khebri, parlait d'efforts de l'Algérie en vue d'obtenir un consensus sur une baisse de la production de pétrole des pays Opep et non-Opep en vue de pousser les prix du brut à la hausse, le P-DG de Sonatrach évoque désormais une hausse de production d'hydrocarbures du pays, sans distinguer entre le pétrole où l'Algérie est liée par les quotas de l'Opep et les autres liquides et gaz où Sonatrach a plus de marge de manœuvre. Il s'agit d'un changement de cap remarquable, d'autant que de son côté, et hier aussi, le ministre lui-même a plaidé pour une telle augmentation. L'annonce a été faite alors que le chef de la diplomatie russe s'apprête à aborder avec les autorités algériennes la question de la conjugaison des efforts des pays Opep et non-Opep en vue d'infléchir la baisse des cours du brut. N'oublions pas, à cet égard, la question commerciale. La recette, c'est le prix du pétrole ou du gaz multiplié par le volume. À quoi bon vouloir augmenter la production quand les prix du pétrole sont en baisse. D'ailleurs, quand le ministre de l'Energie avait, pour la première fois, annoncé vouloir augmenter la production d'hydrocarbures du pays pour augmenter les recettes en vue d'atténuer les effets de la crise financière sur l'Algérie, plusieurs experts avaient critiqué cette décision. Selon eux, les gains financiers ne seraient pas importants. L'option ne va pas, du reste, dans le sens de la préservation des réserves de pétrole et de gaz, des ressources épuisables. Enfin, ces discours dissonants posent la question de la cohérence de la politique énergétique nationale et l'on enregistre une opacité et une absence de débat sur ces questions de fond qui engagent l'avenir énergétique, voire économique du pays. Khaled Remouche