L'Union européenne va débloquer la somme de 146 millions d'euros, dans le cadre des nouvelles mesures adoptées lundi pour lutter contre la migration irrégulière, a annoncé la Commission européenne. "La Commission européenne a adopté aujourd'hui 6 nouvelles actions dans la région du Sahel et du bassin du lac Tchad, pour un montant total de plus de 146 millions d'euros", a indiqué l'Exécutif de l'Union dans un communiqué rendu public dans la soirée de lundi, dont des extraits ont été repris par les agences de presse. Officiellement, cet argent va dans les caisses du Fonds fiduciaire d'urgence pour l'Afrique, dont l'objectif est de remédier aux causes de l'immigration clandestine vers le Vieux continent et qui, ces dernières années, était à l'origine de nombreux drames en Méditerranée, le dernier en date étant le naufrage qui a coûté la vie plus de 2 000 personnes début juin près des côtes italiennes et grecques. À se fier au texte du communiqué, qui évoque un objectif double, outre de "créer des opportunités économiques pour les jeunes" Africains, l'Union européenne favorise plutôt une gestion sécuritaire des flux en se fixant comme second objectif le renforcement de "la gestion des frontières et la lutte contre les réseaux criminels qui nourrissent scandaleusement des trafics en tout genre". Alors que pour le Tchad et la Gambie, l'UE prévoit de débloquer respectivement 10,3 et 11 millions d'euros en faveur de l'amélioration du secteur économique et de l'insertion économique des jeunes, pour le Mali, le Niger et le Burkina Faso, l'argent sera plutôt destiné au renforcement du dispositif sécuritaire au niveau des frontières. Ainsi, pour le Mali, l'UE lancera un programme pour le coût de 29 millions d'euros, tandis que pour le Niger elle offre 30 millions d'euros, et 25 millions d'euros pour le Burkina Faso. Ainsi donc, contre 21,3 millions en faveur du développement économique et de l'emploi, la Commission européenne octroie 84 millions d'euros pour le volet sécuritaire. Ce qui ne fera reculer, en aucun cas, ni les candidats à l'immigration clandestine ni les réseaux de passeurs dans cette vaste région d'Afrique, où le contrôle des frontières est plus que difficile. Les politiques européens savent pertinemment que les raisons profondes de l'émigration clandestine résident dans la mauvaise gouvernance, les guerres et le maintien au pouvoir des mêmes régimes dictatoriaux, dont certains survivent grâce au soutien apporté par des Etats membres de l'UE. Autrement dit, l'argent ne suffira jamais, à lui seul, pour lutter contre les flux migratoires d'où ils viennent. Lyès Menacer