C'est une loi "compradore". Ce projet "offre sur un plateau d'argent l'Algérie aux multinationales". Les députés du Parti des travailleurs (PT) se sont, quelque peu, lâchés, hier, contre le projet de loi relatif à la promotion de l'investissement. La veille, le député Ramdane Taâzibt avait déjà annoncé la couleur en affirmant que le projet de texte consacre "le pillage des ressources et des finances" du pays. M. Taâzibt a estimé qu'"il n'y a rien à amender dans ce texte", suggérant son retrait pur et simple. Hier, Chouitem Nadia, du même parti, a abondé dans le même sens. "Ce texte contredit totalement les propos du président de la République, il y a un mois", dans son message à l'occasion de la célébration du 60e anniversaire de la Journée nationale de l'étudiant, soulignant que la consolidation et la préservation de l'indépendance du pays "passent par l'autonomie financière et économique de notre pays et par la capacité de l'Algérie à faire face à l'impitoyable concurrence internationale". Dans ce projet de loi, soutient Chouitem Nadia, "il n'y a aucune mesure pour booster la production et relancer 5 000 projets à l'arrêt". Pour elle, le projet de loi relatif à la promotion de l'investissement sert les intérêts des multinationales. "C'est une loi compradore qui ne sert pas l'économie nationale", a estimé Chouitem Nadia. "Au moment où les ressources pétrolières du pays ont baissé de 70%, on nous propose une loi qui réduit de façon conséquente les recettes budgétaires à cause des exonérations", a-t-elle ajouté. Un autre député du PT juge démesurés les avantages et les exonérations accordés aux investisseurs étrangers. "Ce projet offre sur un plateau d'argent l'Algérie aux multinationales", a-t-il soutenu. De son côté, le député du FFS, Chafaâ Bouaïche, a estimé que tout projet de loi relatif à la promotion de l'investissement doit s'inscrire dans le cadre d'une politique économique et sociale et dans le cadre d'une stratégie. Cette stratégie, a-t-il expliqué, fixera la place à accorder aux investissements étrangers. "Cet aspect n'apparait pas dans le texte qui nous est proposé", relève M. Bouaïche. "Ce projet de loi qui ouvre le marché algérien aux capitaux étrangers, n'oblige pas ces derniers à s'intégrer dans les objectifs du développement national. Il n'impose aucune condition, verrou ou garantie", déplore le député du FFS. Chafaâ Bouaïche indique que le FFS "rejette ce texte", évoquant l'orientation libérale qui confie le développement nationale aux capitaux étrangers. Pour Chafaâ Bouaïche, cette nouvelle loi relative à la promotion de l'investissement "n'est pas une solution, mais un problème plus grave", parce que c'est une loi à caractère "idéologique et politique" qui conduira au contrôle des secteurs stratégiques par des multinationales. Le ministre de l'Industrie et des Mines, dans sa réponse aux députés, a indiqué que le gouvernement reste attaché à la règle 49/51 régissant l'investissement direct étranger, assurant que le gouvernement n'a aucun intérêt à réviser cette règle, du moins maintenant. M. R.