L'entreprise a aussi été victime du timing choisi pour le lancement de l'opération. Plusieurs contributeurs publics, notamment les banques, ont brillé par leur absence, étant déjà impliquées dans l'action d'envergure de l'emprunt national. L'introduction en Bourse de la Société des ciments d'Aïn El-Kebira (Scaek) a essuyé un échec qui annule systématiquement l'opération. La souscription, qui s'est achevée mercredi dernier, n'a pu collecter que 5% des sommes escomptées. Un revers pour le marché des valeurs mobilières d'autant que la Scaek devait réussir à lever au moins 20% du montant des actions nouvelles proposées à la vente pour que son entrée en bourse soit validée. L'offre publique de vente (OPV), lancée il y a plus d'un mois, a été jugé infructueuse. Encore un coup dur qui porte atteinte à la crédibilité de la Bourse d'Alger. Désormais, cette institution financière n'inspire plus confiance aux futurs candidats et aux entreprises déjà cotées. Celles-ci s'inquiètent réellement de leur avenir dans ce marché financier. Ce fiasco brise de ce fait l'élan des acteurs de ce marché et des investisseurs qui s'interrogent en toute légitimité sur le devenir de cette Bourse qui souffre d'un manque de dynamisme flagrant. Il faut dire que les circonstances et le timing choisis pour mettre en œuvre cette démarche (entrée) ne sont guère favorables à la Scaek. Cela a coïncidé en effet avec le lancement de l'emprunt national obligataire décidé par le gouvernement et pour lequel tous les fonds relevant des opérateurs institutionnels sont actuellement mobilisés. Plusieurs contributeurs publics, notamment les banques, ont brillé par leur absence étant déjà impliquées dans l'action d'envergure de l'emprunt national. Les experts évoquent aussi le faible engagement des intermédiaires en opérations boursières (IOB) à faire aboutir le dossier, eux qui sont absorbés par ce projet de financement interne initié par l'Exécutif. L'occasion s'est présentée pour les pouvoirs publics de redonner un second souffle à la Bourse d'Alger mais au lieu de la réanimer, l'on préfère qu'elle sombre dans sa perpétuelle léthargie. Si l'on se réfère à la réglementation en vigueur, la cimenterie Scaek ne va pas rejoindre le très restreint groupe des cinq entreprises cotées que sont Saidal, EGH El-Aurassi, NCA Rouiba, Alliance Assurances et Biopharm. Selon les règlements de la SGVB (Société de gestion des valeurs mobilières), les introductions en Bourse doivent être annulées si le seuil de 20% du montant total de la souscription n'est pas dépassé. Or, au dernier jour de la souscription (mercredi), la levée de fonds avait atteint à peine 5% des 18,95 milliards de dinars que cette entreprise espérait lever sur le marché financier. La direction de la cimenterie a demandé une prolongation de l'opération pour tenter une autre fois d'atteindre son objectif mais elle a reçu une réponse négative à sa demande. Cette première solution de prorogation des délais devrait permettre aux investisseurs institutionnels de sauver l'opération. Sinon, ce sera au groupe Gica de reprendre les actions mises en vente. Cette contreperformance risque, par ailleurs, de compliquer l'entrée en Bourse des autres entreprises publiques prétendantes, dont des banques telles que la Caisse nationale d'épargne et de prévoyance, la Banque extérieure d'Algérie et le Crédit populaire d'Algérie. Pour rappel, l'opération de souscription en Bourse vise une augmentation de 35% du capital social de la cimenterie publique à travers l'émission de nouvelles actions à prix fixe de 1 600 DA/titre. Un total de 11 846 000 actions nouvelles de la cimenterie ont été mises en vente pour une valeur de 18,95 milliards de dinars. L'entreprise espérait, via cette opération, lever des fonds qui lui permettraient de financer la réalisation de sa nouvelle ligne de production d'une capacité supplémentaire de 2 millions de tonnes/an de ciment. B. K.