Ce qui s'est passé cette année, avec une session de rattrapage imposée par les facebookers, doit amener le gouvernement à tirer les bonnes conclusions. La fraude massive, aidée par l'utilisation des nouvelles technologies de l'information, entre autres la 3G, a contraint le gouvernement à décider d'une session de rattrapage, prenant des mesures drastiques inédites dans les annales du pays. Qu'on en juge : des avions militaires pour transporter les sujets, coupure des réseaux sociaux, puis de tout l'internet sur l'ensemble du pays. Cette situation inédite n'est pas fortuite, mais était dans l'air avant même le lancement du baccalauréat. Cet examen s'annonçait comme un sérieux test pour la batterie de mesures antifraude dont l'a entouré la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit. Cette dernière, échaudée par la précédente édition, entachée elle aussi par les erreurs de sujet et de fraude, n'est pas allée de main morte pour menacer de poursuites judiciaires les éventuels fraudeurs. Ce faisant, que n'a-t-elle pas fait pour s'assurer du maximum de chance de réussite ? Hormis les conditions matérielles réunies à l'occasion, la ministre s'est assurée de l'adhésion des partenaires sociaux qui sont signataires de la charte de l'éthique du secteur, à l'exception du Cla et du Cnapest. En s'entourant d'un maximum de précautions, la ministre se savait indésirable, en fait, auprès d'un courant islamo-conservateur foncièrement hostile à toute volonté de changement. Cela, Benghabrit l'a bien appris à ses dépens, en mettant en place une commission de révision des programmes qui a suscité le courroux de ce courant, l'accusant de vouloir franciser l'école algérienne. Comme on lui a reproché de vouloir intégrer le dialecte algérien dans les programmes scolaires et de détruire la culture algérienne. Passé ce scénario, le baccalauréat allait être aussi l'arène de prédilection pour ce courant tapi dans les dédales du département ministériel qui allait sortir ses crocs pour faire voler en éclats la crédibilité de l'examen national. Ce qui fut fait durant la nuit précédant le lancement des preuves du baccalauréat. Les quelque 818 000 candidats ont été généreusement arrosés de sujets publiés sur les pages de la plateforme d'échanges facebook, grâce à la 3G. Il n'en fallait pas plus pour susciter un branle-bas de combat au gouvernement qui a reconnu une "série d'attaques massives sur Internet". Une enquête a été ordonnée et a été suivie de perquisition dans les locaux de l'Onec, de réquisition de matériel informatique et de l'interpellation, entre autres, de chefs de certains centres d'examen et des employés de l'Office national des examens et des concours (Onec), qui avaient été arrêtés. La décision, qui a été prise d'annuler une partie des examens, s'est accompagnée, cette fois-ci, de mesures drastiques pour empêcher la réédition du scénario de fraude. Outre le blocage des réseaux sociaux, dont twitter, facebook et instagram, c'est tout le pays qui a été coupé de l'internet pour "protéger les candidats du baccalauréat de la publication de faux sujets de cet examen sur ces réseaux", selon une source du secteur de la poste et des télécommunications, mais c'est compter sans le génie d'une génération Z, rompue aux nouvelles technologies, qui a du user des réseaux virtuels, pour prouver tant l'inefficacité que l'inutilité de ses mesures. Ce constat est d'autant plus vrai pour nombre d'experts qui ont souligné l'urgence de puiser les leçons de cette "catastrophe" nationale pour revoir de fond en comble cet examen dans le sillage de ce qui se fait dans le monde. Soit reformer cet examen pour qu'il soit moins sujet à la fraude, soit l'annuler carrément à l'instar de certains pays anglo-saxons, qui accordent la primauté au travail durant l'année. AMAR RAFA