Sonatrach veut recourir au project financing pour ses projets de nouvelles raffineries et l'apport des partenaires pour financer son programme pétrochimique. Sonatrach n'exclut pas, pour financer son plan de développement 2016-2020 d'un coût de 73 milliards de dollars, le recours à l'endettement extérieur en 2018, si les prix du pétrole descendent à 30 dollars en 2017. Dans un scénario baissier, la compagnie pétrolière nationale retient donc l'option mobilisation des crédits extérieurs pour financer ses investissements. C'est ce qu'a laissé entendre son directeur finances, A. Karoubi. "En 2016-2017, nous financerons les investissements de Sonatrach à partir de nos fonds propres, des placements auprès des banques commerciales : 270 milliards de dinars. En 2018, nous allons continuer à les financer sur fonds propres s'il n'y avait les projets de raffinerie et de pétrochimie. Si les prix du pétrole se situent à 60 dollars en 2017, nous financerons l'ensemble de nos projets en 2018 à partir de nos fonds propres. Les projets de raffinerie seront financés sous formule Project financing, les projets pétrochimiques à partir des apports des partenaires", a-t-il ajouté. Baisse de 43% des recettes d'exportation en 2015 L'option endettement extérieur est donc retenue comme alternative en cas de baisse importante des prix du pétrole. D'autant que les recettes de Sonatrach tirées des exportations d'hydrocarbures enregistrent une chute importante : "Notre chiffre d'affaires à l'exportation est passé de 58,45 milliards de dollars en 2014 à 33,19 milliards de dollars en 2015. Sa capacité d'autofinancement se trouve réduite. L'année 2015 restera une année caractérisée par la baisse drastique des prix du pétrole qui est passée d'une moyenne de 99,41 dollars en 2014 à 52,13 dollars", a indiqué Amine Mazouzi, P-DG de Sonatrach, lors de son allocution au cours de la présentation, hier à la presse, du bilan 2015 de la compagnie pétrolière nationale. Au rythme actuel de la production et d'un prix moyen du baril de 50 dollars, on estime les revenus à l'export de Sonatrach à plus de 30 milliards de dollars environ en 2016. Sonatrach met le cap sur une hausse de la production d'hydrocarbures. "Pour l'année 2016, nous comptons exporter 108 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) et 56 millions de TEP pour le marché national, soit une augmentation de 10% par rapport à 2015. Les résultats enregistrés sur les cinq premiers mois de l'année en cours sont en parfaite harmonie avec des objectifs ambitieux que nous nous sommes fixés pour 2016 et qui répondent à un seul souci : confirmer le retour de la croissance à Sonatrach", a ajouté Amine Mazouzi. Si cette croissance de la production est confirmée sur l'année, le secteur des hydrocarbures va tirer la croissance de l'économie nationale. La tendance d'ici à 2020 est donc à une hausse de la production d'hydrocarbures. "Durant l'année 2015, il a été mis en œuvre une démarche de première étape, à court terme, d'augmentation des capacités de production sans investissement significatif. En parallèle, les investissements consentis apporteront leurs effets à partir de 2017", a souligné le P-DG de Sonatrach. Cet effort de croissance de la production est soutenu par une hausse des investissements. L'investissement a connu une hausse de 16% entre 2014 et 2015. L'année 2016 enregistrera la mise en service de gisements nouveaux : Bourrahat, Tikidelt, Cafc oil. Mais la montée en cadence en termes de production de gaz et de pétrole se situera en 2017- 2018, avec la mise en service des nouveaux champs de gaz du Sud-Ouest et ceux de gaz et de pétrole du Sud-Est. Mais ne nous emballons pas, tout cet effort pour mettre fin au déclin de la production d'hydrocarbures entre 2010 et 2014 et augmenter les niveaux d'extraction d'hydrocarbures restera insuffisant : Sonatrach ne pourra atteindre le niveau de production de 2005, 232 millions de TEP, qu'à partir de 2020. En outre, cette quête d'une croissance des volumes n'aura d'impact important sur l'économie nationale que si les prix du pétrole remontent et que si le secteur enregistre des progrès dans la maîtrise de la consommation d'énergie qui connaît une forte croissance. K. Remouche