À l'exception du site qui offre une vue panoramique agréable sur la plaine de la Mitidja, les habitants de cette cité n'ont pour le reste que des problèmes. Pourtant, il y a deux ans, quand ils ont bénéficié de ces logements, ils pensaient découvrir le paradis. Avec le temps, ils se rendent compte que vivre ici est un cauchemar au quotidien. À l'époque, en arrivant, tout frais tout beau, l'APC d'Alger-Centre, dont ils sont tous originaires, avait promis de prendre en charge, avec la contribution des autorités locales, un certain nombre de problèmes auxquels les familles étaient confrontées. Ces dernières devaient constater, quelque temps après leur installation, que la cité était dépourvue de gaz naturel, d'éclairage public, conduites d'eaux usées défectueuses, malfaçons dans les travaux de maçonnerie, pas de ramassage des ordures ménagères par les services de la commune, absence d'espaces verts… Les malheurs de ces familles ne s'arrêtent pas là. Leurs enfants peinent chaque jour que Dieu fait pour rejoindre l'école distante de 4,6 km sans aucun moyen de transport. Il faut dire dans ce sens qu'à partir du chemin communal, le tronçon de près de 300 m qui mène vers cette cité est pratiquement hors d'usage et, de surcroît, en période de pluie où il est transformé en véritable bourbier. Enumérant tous ces problèmes, le président du comité de quartier, M. Mohamed-Tahar Benabdelouahab, nous apprend que beaucoup d'écoliers sont contraints, compte tenu de cet aléa, de ne pas aller en classe. “Nous avons saisi l'inspection académique d'Alger sur la question qui a chargé une commission technique du suivi de ce dossier. Elle s'est rendue sur les lieux où une promesse de construction d'une annexe de 8 classes pour 260 élèves nous a été faite. Depuis, aucune suite”, souligne-t-il. Ses voisins ne ratent pas l'occasion pour brosser un tableau noir de l'école actuelle où les commodités essentielles font défaut, à l'exemple des sanitaires, les tableaux, les tables… “Même la cour n'existe pas”, disent-ils. Dans la même optique, ils soulèvent le manque de sécurité que connaît le CEM Hamidou-Guechtouli, implanté dans un endroit isolé (à proximité d'une forêt). Résidant à 3 ou 4 km de l'établissement, la majorité des élèves est directement exposée, au moment de la pose de midi à treize heures, aux dangers de la rue. En l'absence de cantine scolaire, ils se contentent des maigres sandwichs qu'ils prennent à même le sol auprès de l'enceinte scolaire. Concernant l'alimentation en gaz de ville, nous avons pu relever que l'APC, selon les habitants, aurait versé à la Sonelgaz la somme de 280 millions de centimes représentant les frais de branchement. De son côté, cette entreprise réclame vraisemblablement le plan de masse devant lui permettre la pose des conduites. Un manque de coordination qui pénalise des dizaines de familles depuis deux ans. Profitant de notre présence sur les lieux, les membres du comité de quartier ont tenu à nous faire visiter les locaux commerciaux qui se trouvent dans un état lamentable. Livrés aux quatre vents, ces derniers sont rongés par l'humidité et inondés par les eaux usées à cause de la mauvaise conception des conduites éclatées. À certains endroits, on a pu constater que les conduites n'existaient même pas. Les gaines, faisant fonction de canalisation, laissent fuir les eaux usées qui ont déjà donné lieu aux premières conséquences, à savoir l'érosion des fondations. Les deux niveaux occupés par les locaux commerciaux sont sérieusement atteints par ces fuites d'eaux. Pour permettre un semblant d'éclairage à cette cité isolée, les habitants ont effectué des branchements à partir desdits locaux. “C'est interdit, certes, mais nous n'avons pas le choix”, expliquent nos interlocuteurs. Concernant les ordures ménagères, ils n'ont d'autre solution que l'incinération en plein air avec tous les désagréments que l'opération engendre pour les familles. Il faut savoir enfin qu'en cas d'urgence médicale, la cité des 143-Logements ne dispose même pas d'un centre de santé. Le plus proche est à plus de 4 km, mais il ferme ses portes à 18 heures. Tous ces points ont été portés par voie de requêtes aux autorités concernées. Jusqu'à ce jour, elles sont demeurées lettre morte, y compris la dernière réunion du 25 novembre 2004 ayant regroupé les membres du comité de quartier et les représentants de l'APC d'Alger-Centre. A. F.