Si pour l'ANFD, “il n'est ni possible ni viable de tirer un trait sur la tragédie (…) sans que les responsables ne soient traduits devant la justice”, l'association ne veut toutefois pas “préjuger du contenu” de cette amnistie. L'Association nationale des familles de disparus (ANFD) s'est de nouveau exprimée, hier, sur l'amnistie générale. Sans être un franc rejet, comme c'était le cas en novembre 2004 quand l'amnistie générale était assimilée à l'“impunité” et à l'”amnésie”, la position de l'ANFD demeure, également, suspicieuse et tiède à l'égard du projet de Abdelaziz Bouteflika. Dans une déclaration rendue publique, hier, l'ANFD a, en effet, estimé qu' “aucune loi d'amnistie ne doit soustraire les coupables à la justice”. Si pour l'ANFD, “il n'est ni possible ni viable de tirer un trait sur la tragédie (…) sans que les responsables ne soient traduits devant la justice”, elle ne veut, cependant, pas “préjuger du contenu” de cette amnistie. Aussi forte de sa conviction que “seul l'apaisement peut mener au pardon”, l'ANFD a-t-elle exprimé “sa détermination à poursuivre le combat pacifique des milliers de familles”. Un combat qu'elle dit mener “pour la vérité, pour la dignité et pour l'état de droit”. Par ailleurs, l'association de Lila Ighil n'a pas manqué de jeter la pierre aux encenseurs de la démarche présidentielle qui, s'offusque-t-elle, “suscite bien des opportunismes, voire des vocations”. “Il en est ainsi des partis politiques qui affirment que la réconciliation est leur seul programme, d'autres qui ressuscitent à la faveur d'un soutien à un projet dont le chef du gouvernement, lui-même, déclare ignorer le contenu et les contours”, est-il noté dans la déclaration. Mais les mots les plus durs sont réservés à certains de ces membres “bien pris en charge” qui, regrette-t-elle, “sont encouragés pour élever les enchères des indemnisations proposées par la commission Ksentini dans le but évident du renoncement à la recherche de la vérité et de la justice”. Bien plus, Mme Lila Ighil les accuse d'être “instrumentalisés pour polluer et souiller toutes les structures qui restent fidèles au seul combat de la recherche de la vérité et de la justice”. Et de leur rappeler, en citant certains passages des textes de l'association, que l'ANFD “n'est ni un syndicat ni un regroupement à but lucratif”. Rappelons que lors d'une conférence de presse commune animée fin janvier, des associations des victimes du terrorisme et celles des disparus (SOS-Disparus, Somoud et l'ANFD) avaient soutenu d'une seule voix qu'il “ne peut y avoir d'amnistie sans connaître la vérité et sans rendre justice”. Alors une question : cette nouvelle sortie de l'ANFD n'a-t-elle pas un lien avec l'information donnée, récemment, par certains journaux sur le projet du président de la république de lancer des invitations aux associations victimes du terrorisme et des disparus pour discuter de la question de l'amnistie ? A. C.