Cette sortie coïncide avec la fin des travaux de la commission chargée de faire la lumière sur le dossier des disparus. Les familles des disparus appréhendent le projet d'amnistie générale. Sans préjuger du contenu de cette amnistie, ces familles estiment que le projet annoncé par le président n'est viable que si les responsables de «cette tragédie» sont traduits devant la justice. «Aucune loi d'amnistie ne doit soustraire les coupables à la justice» a affirmé hier, dans une déclaration l'Association nationale des familles des disparus (Anfd). Cette manifestation de l'Anfd intervient au moment où la commission ad hoc, présidée par M.Ksentini, investie de la mission de faire la lumière sur le dossier des disparus, a terminé son travail. En effet, le dossier des disparus a été finalisé et il sera remis au président de la République dans quelques jours. Pour Farouk Ksentini, le projet d'amnistie générale n'affecte en rien le travail de sa commission. Il s'agit pour lui de solutionner un problème épineux, un drame national et «il ne faut pas s'attendre à des miracles». Dans la même déclaration, les familles des disparus dénoncent la démarche de la commission Ksentini qui «après avoir louvoyé longtemps, elle opte pour une démarche individualiste qui consiste à faire pression sur les familles par le biais d'une indemnisation sous prétexte que les disparus sont tous morts». En fait, l'Anfd reproche à la commission Ksentini de vouloir étouffer le problème des disparus moyennant des indemnités. «Des membres de l'association nationale des familles de disparus sont encouragés à monter les enchères des indemnisations proposées par la commission Ksentini dans le but évident du renoncement à la recherche de la vérité et de la justice», a noté crument le document précisant que certain «marchands» de la mémoire des disparus ont dévoilé leurs motivations. «Nous revendiquons dix millions de dinars pour chaque disparu en guise de réparation matérielle» ont-ils écrit dans un mémorandum, selon l'Anfd, à la commission Ksentini. Le dossier des disparus a été le problème le plus épineux que la commission a eu à instruire avec des milliers de cas traités, de personnes interrogées, de familles convoquées. Officiellement, il s'agit de solutionner 7500 cas concrets alors que l'opposition a avancé le nombre de 13.000 cas. Dans sa démarche, la commission ad hoc a buté sur plusieurs embûches, selon M.Ksentini. Ce sont notamment des réticences de la part de certaines associations des familles des disparus. Aussi, son rapport final avait besoin d'un soutien politique. Seulement les «grosses cylindrées» semblent attendre pour mieux voir. A l'exception du vieux parti qui a adopté le projet du président, les deux autres membres de l'Alliance, le RND et le MSP, attendent les tenants et aboutissants de l'amnistie générale.