Le moins qu'on puisse dire dans cette affaire CRBAF-ASK, c'est que le tribunal arbitral du sport a tout simplement bafoué l'éthique sportive. Grâce à lui, désormais, n'importe quelle équipe peut combiner un match de football sans craindre la moindre sanction puisque le TAS vient de perdre une belle occasion de faire de ce cas un exemple. En effet, dans un communiqué publié hier sur son site, la LFP diffuse la décision du TAS : "La Ligue de football professionnel a été destinataire d'un courrier du Tribunal sportif arbitral (TAS) dans lequel il a notifié les décisions suivantes : annulation de la rétrogradation du CRB Aïn Fekroun en division inférieure. Maintien de la décision de suspension du président du CRB Aïn Fekroun pour une période de deux années. Maintien de l'amende de 2 000 000 DA (deux millions de dinars) à l'encontre du CRB Aïn Fekroun", lit-on dans le communiqué. Alors que les observateurs s'attendaient à un durcissement des sanctions avec la rétrogradation aussi de l'ASK, véritable gagnant dans cette affaire qui a scandalisé les Algériens, notamment après la diffusion des images de la rencontre et la façon honteuse avec laquelle l'ASK a inscrit le but de la victoire, le TAS décide d'enterrer ce dossier faisant porter le chapeau au président du CRBAF. Pourtant, il y a bel et bien eu tentative d'influence sur le cours d'un match, pressions et intimidations, sanctionné par l'article 81 du code disciplinaire de la FAF. Que dit cet article ? : "Toute tentative en vue d'influencer le résultat d'une rencontre par l'exercice de pressions et/ou d'intimidation est sanctionnée par : match perdu (sans attribution de points à l'équipe adverse) ; défalcation de 3 points pour l'équipe fautive ; 2 ans de suspension ferme de toute fonction officielle pour le contrevenant, un million de dinars (1 000 000 DA) d'amende pour le club", souligne l'article 81 que la FAF, la LFP et même le TAS ont décidé d' ignorer, visiblement, "pour le bien-être des supporters et la paix sociale", du côté d'Aïn Fekroun et d'El-Khroub. En fait, si les "décideurs" avaient recouru à cet article 81, chapitre pression et intimidation, le CRBAF et l'ASK se retrouveraient relégués en division amateur. Un tel verdict aurait, du coup, peut-être, sauvé l'USC et l'OM. Mais rien n'y fit, la politique a pris le pas sur l'intérêt et l'éthique sportifs. Pour rappel, lors de la dernière journée de la Ligue 2, des supporters du CRBAF avaient envahi le terrain à la fin de la rencontre pour forcer la main à leurs joueurs afin de lever le pied. Au lieu de siffler la fin du match, l'arbitre fait jouer les temps morts, ce qui a permis à l'ASK d'inscrire son but salvateur dans les conditions que l'on sait. La LFP et la FAF avaient décidé la rétrogradation du CRBAF (seulement) avant que le TAS ne "légalise" la combine ! SAMIR LAMARI