Simple hasard ou choix délibéré des organisateurs de l'université d'été, c'est M. Boumehdi qui a eu le privilège d'être le premier à prendre la parole. Les travaux de la quatorzième édition de l'université d'été du Mouvement de la société pour la paix (MSP) se sont ouverts, hier dans l'enceinte du village des artistes de Zéralda, dans la banlieue est d'Alger, en présence de représentants de partis politiques nationaux et étrangers. Néanmoins, et à la surprise générale, seuls le Front de libération nationale (FLN) et le parti islamiste Islah ont été représentés par leurs chefs organiques, à savoir le secrétaire général intérimaire en la personne de Mohamed Boumehdi, pour le premier, et le secrétaire général, Filali Ghouini, pour le second. En ce sens que M. Boumehdi est presque passé en guest-star devant l'absence du reste des chefs de parti, y compris certains alliés du MSP au sein de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD). Mieux encore, certains partis n'étaient pas du tout représentés à cette activité du MSP. C'est le cas notamment du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Et en l'absence des figures de proue de l'opposition, c'est le FLN qui rafle la mise. Du moins, qui s'est mis en évidence. Et, simple hasard ou choix délibéré des organisateurs de l'université d'été, c'est M. Boumehdi qui a eu le privilège d'être le premier à prendre la parole. Une intervention qui devrait le maintenir sous les feux de la rampe, après sa présidence d'un BP du FLN au courant de la semaine. Il prononcera une courte allocution, visiblement improvisée, dans laquelle il ne dira pas grand-chose, hormis, et c'est cela le message, de transmettre les encouragements de son supérieur hiérarchique, en l'occurrence Amar Saâdani, qui, lui, est en congé à l'étranger, aux travaux de la rencontre. "Le SG du FLN Amar Saâdani m'a chargé de vous transmettre ses vœux de réussite à vos travaux", a-t-il dit, avant de laisser place au reste des invités qui se succéderont au pupitre, précédant le maître de céans, le chef du MSP, Abderrezak Makri, qui ne prendra la porte qu'une fois terminé le défilement de ses invités.
Mohamed Boumehdi en guest-star Contrairement à l'édition de l'année passée qui avait vu la participation de plusieurs chefs de partis de la mouvance islamique de pays étrangers, la présente université d'été du MSP n'a pas drainé grand monde. Outre un représentant de l'ambassade de Palestine à Alger, seul le parti Ennahdha tunisien — la confrérie des frères musulmans oblige, représentée par un membre de sa direction — y a pris part. Après les discours critiques au pouvoir successivement prononcés par certains représentants des partis de l'opposition, à l'instar de Talaie El-Houriat, d'El Islah ou encore d'Ennahda, Abderrezak Makri clôturera la séance avec son allocution fleuve également sans concessions. Dénonçant "l'impasse" politique dans laquelle se trouve le pays, M. Makri a, de prime abord, évoqué le projet visant le changement démocratique pacifique auquel aspirent, par ailleurs, l'ensemble des partis de l'opposition, notamment ceux conglomérés dans l'entité de la CLTD. Selon lui, il existe encore des possibilités pour sortir le pays de la crise multiple qui le menace. Il propose, à ce titre, au moins trois voies à suivre pour amorcer la transition démocratique tant attendue. En premier lieu, il propose au pouvoir en place la solution "souhaitée et facile" qui, dit-il, consiste à accepter de "conduire le consensus et la transition démocratique". La seconde voie de sortie de crise, ajoute M. Makri, est celle déjà adoptée par l'opposition, à savoir, rappelle-t-il, de continuer à se mobiliser et exercer le forcing sur le pouvoir en place afin de provoquer le changement démocratique. Mais cela, insiste M. Makri, exige davantage de cohésion dans les rangs de l'opposition. La troisième et dernière solution proposée par le chef du MSP consiste en son appel à œuvrer à former et préparer des élites pour porter des projets de société afin de faire face aux éventuelles crises plus dures à venir. Par ailleurs, et en prévision des législatives prévues pour 2017, le chef du MSP s'est montré encore dubitatif par rapport à la participation ou pas de son parti à cette échéance, appréhendant qu'elle soit un "remake" des précédentes législatives. Autrement dit, une élection émaillée par la fraude. Se montrant, ainsi, un peu comme partagé entre le boycott de cette échéance et la participation qui permettrait à son parti d'être présent à l'APN pour "y faire de la résistance", M. Makri préfère attendre la réunion du majliss echoura programmée pour décembre prochain. "Si le mouvement venait à confirmer sa participation à cette échéance électorale, cela voudrait dire qu'un consensus aura été atteint au sein des structures du parti", a-t-il dit, refusant "une décision hâtive". Farid Abdeladim