Au lendemain de la réunion de son bureau politique, le FLN a dépêché son porte-parole pour le représenter à l'université d'été du MSP. Le vieux parti a donc répondu à une invitation qui pourrait en dire long sur les intentions du parti islamiste, bien que le geste en lui-même soit très appréciable pour son aspect civilisé. On imagine bien que profitant de sa présence, très médiatique, dans la «fête» du MSP, Ahmed Boumehdi, qui est également membre du bureau politique du FLN, n'a pas manqué de délivrer des messages à l'adresse des détracteurs de l'actuelle direction du parti. Le FLN va bien, dit-il et il prépare sereinement les prochaines échéances électorales. Mais ces déclarations ne sont véritablement intéressantes que parce qu'il y est question de scrutin. Celui-ci constitue, faut-il le rappeler, un enjeu majeur pour de nombreuses formations politiques, et le parti-maître de cérémonie est le premier sur la liste, pour n'avoir manqué aucun rendez-vous électoral depuis 1995. Le législateur a fixé, faut-il le rappeler, une barre au-dessous de laquelle, on ne peut prétendre à une quelconque représentation populaire. Le MSP, comme nombre de formations politiques de l'opposition, a fustigé l'obligation faite aux partis de montrer «patte blanche». Mais le parti de Abderrazak Makri, locomotive de la Cltd, n'est pas directement concerné par la disposition, désormais légale, imposant un seuil pour toute investiture. Sa posture actuellement timidement solidaire des petits partis n'est certainement pas mue par un quelconque principe de solidarité désintéressé et encore moins en rapport avec l'intérêt de sauvegarder la démocratie en Algérie. Celle-ci ne pourrait souffrir d'une obligation faite aux candidats de prouver le sérieux de leurs engagements politiques. Non. Le MSP a un autre objectif qui consiste à convaincre, au final, l'opposition à le soutenir dans la bataille électorale qu'il va livrer contre les partis au pouvoir. Son hésitation sur la question du boycott des législatives de 2017 et le geste «louable» d'inviter le FLN à son université d'été amène les observateurs à confirmer que le premier parti islamiste du pays prépare une offensive auprès de l'opinion nationale, histoire de donner de lui l'image d'une formation politique responsable et assez mûre pour assumer le pouvoir. Mais le chantier le plus compliqué pour Makri reste celui de se démarquer de son mentor, le Turc, Recep Tayipp Erdogan, qui s'est révélé dictateur et assassin de la liberté d'expression. Tout le discours sur le modèle turc est, de fait, caduc. Aussi, le plus gros souci du MSP en cette pré-campagne électorale sera de construire un discours alternatif qui ne se contente pas de critiquer le pouvoir.