Ses anciens "amis de prison", des universitaires, des ex-députés, des présidents d'APC, des syndicalistes, des ouvriers, des représentants du Cnes, des artistes ont tenu à être présents hier à Tassaft pour honorer la mémoire de cet homme de parole et de combat. Les villageois de Tassaft Ouguemoun, dans la commune d'Iboudrarène, ont rendu, hier, un hommage particulier à l'un de leurs meilleurs enfants, en l'occurrence le regretté Mustapha Bacha, un démocrate, un homme politique d'envergure et un grand militant des causes justes, parti trop tôt, il y a 22 ans, précisément le 8 août 1994, terrassé par une crise cardiaque alors qu'il n'avait que 38 ans. Qui ne se souvient pas de Mustapha Bacha et de ses débats politiques à l'époque où la parole était littéralement confisquée ? Et aujourd'hui, ils sont nombreux ceux qui évoquent encore son franc-parler légendaire et sa droiture redoutable. Ses anciens "amis de prison", des universitaires, des ex-députés, des présidents d'APC, des syndicalistes, des ouvriers, des représentants du Cnes, des artistes à l'exemple de Lounis Aït Menguellet, Ouahioune Hocine et autres Merzouk Debza ont tenu à être présents hier à Tassaft pour honorer la mémoire de cet homme de parole et de combat. Le coureur-marathonien Hamid Djoudel a même effectué une course à pied symbolique de Tizi Ouzou à Tassaft, soit une trentaine de km de relief montagneux avalés en l'espace de 3h10, pour rendre un bel hommage au compatriote disparu à la fleur de l'âge. Un représentant du village a informé l'assistance qu'à cause de la chaleur et par souci de ne pas trop fatiguer les présents, aucune prise de parole n'était prévue. C'est donc dans un climat d'émotion que les gerbes de fleurs ont été déposées sur la tombe restaurée du digne fils de Tassaft Ouguemoun. La première gerbe sera déposée par ses amis, Salah et Hachemi Ihaddaden, émus et les yeux larmoyants. Ce dernier dira en substance que "Mustapha mérite plus que cet hommage, un hommage national, car j'aurais aimé que des partis politiques, quels que soient leurs divergences et leurs clivages, lui rendent solennellement hommage pour ce qu'il était : un défenseur des libertés". De son côté, Karim, frère de Mustapha et président de la fondation qui porte son nom, dira : "Nous essayons de nous maintenir avec des activités que nous permettent nos moyens, et cette année, me semble-t-il, la presse accorde un peu plus d'attention à cet événement." Par ailleurs, l'hommage a été une occasion pour les jeunes de la localité d'organiser un tournoi de football agrémenté d'une chorale des élèves du CEM des frères Kherkhache de Tizi Ouzou et une exposition de documents, photos et archives retraçant le parcours du défunt. De son côté, le président de l'APC d'Iboudrarène, partie prenante des activités de la fondation, a pris la parole pour rappeler tout l'intérêt de cet hommage qui aura rassemblé beaucoup d'amis et de compatriotes de toutes les tendances. "Il est de notre devoir de rendre hommage à un des meilleurs enfants de la région, mais aussi d'Algérie, un vrai précurseur des combats pour la liberté d'expression, les libertés individuelles, la liberté syndicale et la démocratie dans toute sa dimension", dira le P/APC à propos de Mustapha Bacha. "Un battant qui a affûté ses armes politiques au GCR (Groupe communiste révolutionnaire) puis au RCD, en passant par l'ORT (Organisation révolutionnaire des travailleurs)", témoignera un ancien maire RCD. "La liberté ? C'est dans la prison où l'on pouvait dire tout ce qu'on voulait et le crier fort !", ironisera un ami algérois. Son parcours lui aura valu plusieurs séjours en prison dans les années 1980 avant de contribuer aux fondements de la démocratie naissante en faisant partie des membres fondateurs du RCD en février 1989. LIMARA B.