C'est l'une des plus belles plages d'Algérie. Tamanart. Elle est nichée à l'ombre des montagnes dans une forêt luxuriante offrant une végétation disparate, embellie par la beauté des lauriers roses et l'aulne longeant les deux berges du lit de l'oued qui déverse sur la mer une eau limpide. Tamanart est réputée non pas par ses deux plages qui ont été, d'ailleurs, envahies par les galets déversés par un changement brusque du lit de l'oued, mais par son site féerique qui offre aux estivants des espaces abrités à l'ombre des pins maritimes et le chêne-liège. C'est le lieu idéal pour les campeurs à la recherche de la vie sauvage et d'un air pur non souillé par les déchets de la vie moderne. Ce havre de paix était une destination prisée surtout des Français durant les années 60, 70 et 80. Ce site offre aussi aux collectivités locales assez de recettes pour subvenir normalement aux besoins des autochtones et grâce à quoi l'APC de Chéraïa, dans la daïra de Collo, était loin d'être l'une des communes indigentes de la wilaya de Skikda. Tamanart a connu une ascension fulgurante durant les années 1980 lorsque les élus de l'époque ont investi dans les structures d'accueil, notamment la construction de chalets. Des particuliers ont aussi érigé de beaux chalets s'accaparant même de larges espaces de la façade maritime et disposant aussi d'escaliers privés pour accéder à la plage. Durant les années 1990, la bête immonde a transformé ce site en no man's land, un territoire interdit et abandonné aux pilleurs qui n'ont laissé que des structures squelettiques débarrassées de tout ce qui pouvait être vendu. D'ailleurs, les groupes armés de l'ex-AIS avaient choisi ce site pendant toute la période de la trêve avant la reddition. Durant ces 35 dernières années, le site de Tamanart n'a rouvert officiellement au grand public que l'espace de quelques semaines. C'était en 2002, mais ce fut de courte durée puisque un attentat terroriste qui a coûté la vie de 3 gendarmes, refermera ce site immédiatement. Depuis, on ne parle plus de réouverture tant qu'un seul élément armé reste dans ces montagnes au relief abrupt. Mais... cela ne dérange guère les estivants et même les campeurs en famille qui, chaque saison, déferlent en masse sur ses plages. L'ouverture de la route touristique Collo-Bougaroun, via Tamanart, a donné une autre dimension non seulement à ce site mais aussi à toute la baie de Collo qui offre des sites paradisiaques le long de la montagne de Dambo, des sites de Béni Saïd, Tamanart jusqu'au cap de Bougarouni. Bravant l'interdiction, pour la énième fois, les jeunes habitants de la région ont, eux, ouvert des cafés-terrasses, des gargotes et des commerces divers. C'est ce qui ressort de notre visite au niveau de ce site vendredi dernier. "Les concessionnaires" installés au niveau des deux plages offrent des services à des prix très raisonnables. Encore mieux, ils assurent la surveillance des baignades, la sécurité et la propreté des lieux. Une tente, un parasol, une table et 4 chaises au prix de 1000 DA. Seul point noir dans ce tableau, les ordures qui jonchent les alentours et les accès aux plages. Aussi, les services de la commune sont interpellés pour assurer du moins le ramassage des ordures pour lequel les autochtones paient une taxe. Ce jour-là, le site était envahi de visiteurs venant de tous les coins de l'Est algérien à voir les immatriculations des véhicules au niveau des parkings qui ont d'ailleurs affichaient déjà complets dès 10h du matin. "Ceux qui venaient des régions éloignées, du centre notamment, sont arrivés la nuit", nous dira un plagiste, tout en formulant le vœu que ce site paradisiaque soit ouvert, officiellement, la prochaine saison estivale. C'est d'ailleurs le vœu de toute la population de la commune de Chéraïa... et des estivants. A. B.