Le site touristique de Tamanart est, pour la troisième année consécutive, fermé aux estivants, au grand dam des habitants de cette région féerique qui n'attendent que la saison estivale pour se refaire une santé financière leur permettant d'affronter tous les besoins pour le restant de l'année. En dépit de l'extrême pauvreté caractérisant la région, la fermeture officielle n'a pas pour autant découragé les estivants, qui campent sous des arbres majestueux le long des deux plages. Depuis que ce site a été décrété « non autorisé », il est essentiellement fréquenté par des vacanciers de l'Algérois. Lors d'une récente visite, nous avons rencontré des campeurs venus d'Alger, de Blida, Boumerdes, Biskra et bien sûr Constantine, ville pourvoyeuse en estivants pour la région de Collo. On peut également voir des émigrés originaires du massif de Collo qui ne craignent nullement les raisons sécuritaires invoquées pour la fermeture de cette plage. Celle-ci est aussi fréquentée par les familles. Le bouche à oreille a fait de Tamanart une région balnéaire très prisée par les Algérois membres d'associations, les organisations estudiantines et les scouts qui, dès la tombée de la nuit entonnent des chants perçant le mur de silence qui enveloppe cette région montagneuse et balnéaire, véritables moments de joie dans cette région meurtrie par la conjoncture sécuritaire. Il va sans dire que des estivants « squattent » les chalets, biens de la municipalité, lesquels sont abandonnés et dans un état de dégradation avancé, pour des séjours « gratuits », dans un des plus beaux sites de la Méditerranée, qui était, pour rappel, beaucoup plus fréquenté par les étrangers avant la décennie noire. Il convient de signaler que cette région est réputée pour le poisson blanc, ramené par des amateurs de la pêche, ne dépassant généralement pas les 300 DA le kilo ; par ailleurs, en matière de fruits et légumes, c'est une aubaine pour ces estivants qui s'en approvisionnent des nombreux potagers de la région. N'omettons pas de dire non plus que l'eau potable coule à profusion du matin au soir, outre l'oued de Tamanart, qui a retrouvé son lit originel et sa limpidité, où l'on prend même sa douche et lave son linge. Par ailleurs, pour les personnes pratiquantes, il a été procédé à l'ouverture d'une grande mosquée. La propreté des lieux est principalement assurée par les campeurs eux-mêmes et les propriétaires de cafés-terrasses et autres restaurants, lesquels ont rouvert, mettant à la disposition des estivants des produits à des prix abordables. L'APC s'occupe du ramassage des ordures par des navettes quotidiennes. Seul signe indiquant que la plage est non autorisée à la baignade l'absence de drapeau de la Protection civile dans ce décor de véritable station balnéaire. Depuis que la route Chéraïa-Tamanart a été bitumée, il est quasiment impossible de trouver une place pour se garer durant les week-ends où cette région est assaillie par des visiteurs venus de tout l'Est algérien. Quant à l'ambiance d'antan et de la régate de renommée internationale, il n'en subsiste que des souvenirs lointains. A Tamanart, c'est encore une saison estivale sans autorisation officielle.