La baie enchanteresse de Tamanart, perle incontestable du sud de la Méditerranée, n'ouvrira pas cet été ses portes aux estivants. C'est la décision de la commission de wilaya qui a jugé ce site dangereux pour la sécurité des vacanciers. Une décision qui ne cesse cependant de soulever des mécontentements, non seulement du côté des autochtones, mais aussi des fidèles de ce havre de paix et de villégiature. C'est une mesure qu'on considère unanimement dans cette région balnéaire, comme incompréhensible. Le site touristique de Tamanart est composé d'une ZET de 15 ha, compte deux grandes belles plages et une dizaine d'autres plus petites, sauvages et adossées au piémont des montagnes de l'imposant massif de Collo. Le paysage est féerique et reste inégalé au niveau de la Méditerranée. La plage principale est d'une renommée internationale ; naguère, elle était beaucoup plus fréquentée par les Européens, notamment les Français qui y organisaient une étape d'une régate internationale durant les années 1980. Au cours de ces quinze dernières années, Tamanart a vécu trois étapes, la première au début des années 1990, quand les groupes terroristes sillonnaient le massif de Collo, et ce site touristique était, à juste titre d'ailleurs, une zone hautement risquée. Cela n'a pas empêché, néanmoins, certains férus de cette région de continuer à la fréquenter. La deuxième étape a débuté avec la trêve annoncée par l'ex-AIS en 1997. Les éléments de celle-ci se sont donc rassemblés au niveau de Tamanart pour y implanter leur cantonnement ; un bivouac qui a duré 3 années durant lesquelles les groupes de l'ex-AIS ont transformé ce site en zone interdite. La descente du maquis des groupes de l'AIS allait ouvrir de grandes perspectives pour les lieux, d'autant que l'administration a fourni des efforts conséquents pour que Tamanart retrouve son prestige d'antan. Des opérations de réhabilitation des routes, des centres de vacances et d'implantation de fontaines publiques, ont redonné la vie à ce site touristique, surtout que les autochtones ont réoccupé le terrain en procédant à la remise en état de leurs commerces. Mais un attentat terroriste contre des éléments de la gendarmerie, en 2000, allait replonger cette région dans l'isolement. Cependant, il fallait compter sans le charme dévorant de ce site fabuleux. En effet, en dépit de l'absence des forces de sécurité et avec la présence des surveillants des plages de la Protection civile, des campeurs venant des villes intérieures, du centre et du sud du pays, ont bravé ce qu'on pourrait appeler la barrière psychologique du terrorisme pour y camper et passer des vacances de rêve. La commune de Chéraïa, dont relève ce site, a mis les bouchées doubles pour accueillir dans les meilleures conditions les estivants de cette saison : nettoyage des plages, ouverture d'accès et construction d'autres fontaines publiques. Idem pour les jeunes de cette région qui ont réinvesti pour rénover leurs cafés terrasses et restaurants. Personne ne s'attendait à cette décision, d'autant que cette région n'a jamais été aussi calme que durant ces deux dernières années. La commission oppose un niet à l'autorisation d'ouverture de ce site « pour des raisons sécuritaires », selon les mots du directeur du tourisme de la wilaya, sans plus.