En 2002, le malade pouvait bénéficier de 1 700 euros, contre 1 200 actuellement. En plus du renchérissement des principales denrées alimentaires et autres produits de large consommation que la flambée effrénée de l'euro a provoqué, les particuliers algériens, notamment les potentiels voyageurs et autres malades nécessitant des soins à l'étranger, ainsi que les étudiants ne sont pas pour leur part épargnés des caprices de la monnaie européenne. La perte au change subie par cette population mérite d'être illustrée depuis l'introduction de l'euro en 2002 sur le marché algérien où il a fait son intrusion avec une parité de 1 euro pour environ 70 DA. Aujourd'hui, au cours officiel, les candidats au change devront débourser pratiquement 100 DA pour une unité européenne. Si les opérateurs algériens et autres importateurs qui approvisionnent le marché à partir de la zone euro ont déjà tiré la sonnette d'alarme sur les effets négatifs de cet aléa de change, les particuliers, pour leur part, subissent impuissants et sans solution de rechange le phénomène monétaire. Le cas des malades devant se rendre à l'étranger pour des soins renseigne sur la nécessité pour la Banque d'Algérie de revoir sa copie en la matière. En effet, et en vertu d'une instruction datant de 1996, tout malade algérien se rendant à l'étranger pour des soins quand ceux-ci ne sont pas assortis d'une prise en charge délivrée par des organismes de la Sécurité sociale a le droit de prétendre au change à concurrence de 120 mille dinars. Ce bénéfice réglementaire datant de près de 10 ans avait toute sa valeur à cette époque où la parité du dinar se tenait quelque peu face aux autres monnaies. C'est dire qu'avec la cherté des prestations médicales et du coût de la vie tant bien localement qu'à l'étranger, cette mesure qui intéresse essentiellement une catégorie vulnérable de la population mérite d'être corrigée en revoyant à la hausse la contrepartie en dinars. À titre d'exemple en 2002, au cours de l'époque le malade pouvait bénéficier de 1 700 euros environ, alors qu'actuellement avec le nouveau cours, il ne touchera que 1 200 euros environ. Contrairement aux opérateurs qui ont des arguments commerciaux à faire valoir ou sont dans la possibilité de répercuter ce risque de change, les malades qui se trouvent dans cette position avec un seul droit au change par année n'ont d'autre alternative que de recourir à leurs frais au marché parallèle de la devise où l'euro s'échange contre près de 120 DA. À ce titre, la Banque d'Algérie est interpellée par les bénéficiaires à ce droit afin qu'elle tienne compte de l'inflation, d'une part, et des nouveaux cours de monnaie, d'autre part. Des banquiers nous ont assurés de l'appel lancé par cette population en direction des gestionnaires du contrôle des changes afin de proposer une revalorisation de ce bénéfice “humanitaire” d'autant que les réserves de change du pays sont historiquement confortables. Les diverses lois de finances et autres interventions des députés faiseurs de textes semblent avoir omis ce chapitre sensible en se concentrant sur d'autres éléments dont l'importance comparative reste discutable. Il est temps d'apporter des correctifs et de songer à reconsidérer la référence de la contre-valeur en stabilisant, par exemple, le bénéfice du change sur cette catégorie par la fixation d'un seuil exprimé en devises. D'un autre côté, la même problématique est vérifiée pour les étudiants algériens suivant une scolarité à l'étranger qui continuent de bénéficier d'une enveloppe devises calculée sur la contre-valeur de 9 000 dinars par mois. Si en 2002, ils bénéficiaient de 130 euros mensuellement à la faveur des cours de l'époque, actuellement ils ne peuvent prétendre à plus de 90 euros. Là encore, la fluctuation des monnaies leur sera défavorable et risque de mettre en péril leur cursus sans l'intervention réfléchie de l'autorité monétaire pour la réactualisation de ces textes réglementaires. Ce sera encore une fois un moyen pour les autorités d'apaiser “pour la bonne cause” l'ébullition du marché parallèle de la devise. A. W.