Cette hausse devrait toucher notamment les produits agroalimentaires, les médicaments et l'automobile. Yaura-t-il hausse des prix sur les produits de large consommation dans les jours à venir ? Le risque d'une réelle flambée se pose sérieusement pour des marchandises sensibles tels les laits et toute autre variété agroalimentaire de provenance européenne ainsi que les médicaments et l'automobile de la même origine. Le consommateur algérien n'est donc pas à l'abri de certaines surprises. Il y va de son pouvoir d'achat. Conséquence directe d'une flambée effrénée de l'euro, le renchérissement sur certaines marchandises suscite d'ores et déjà des inquiétudes au sein de certains opérateurs qui approvisionnent le marché national. Combien de temps tiendront-ils pour pouvoir “encaisser” cette perte de change et jusqu'à quel point pourront-ils encore résister commercialement sans mettre en péril leur propre entreprise ? Ce qui était interprété comme un simple caprice de change commence, de l'avis de beaucoup d'opérateurs interrogés, à prendre des allures de menace qu'“il faut à tout prix calculer”, estime-t-on. Par calcul, il faut entendre que la hausse de l'euro qui menace de s'inscrire dans la durée ne tardera pas à engendrer des réactions naturelles voire de survie de la part des entreprises importatrices qui se voient déjà dans la contrainte de procéder à un réajustement de leurs prix à la vente sous peine de succomber sous le poids des surcoûts. En clair, déclare-t-on, “ou on révise à la hausse nos prix ou on disparaît”. On explique également que sur un mois et demi le dinar a glissé d'environ 11% face à l'euro sachant qu'il était commercialement coté au cours bancaire à 88 dinars pour un euro et qu'il atteint aujourd'hui les 96 dinars. Le lait importé au cours de 1 euro pour 88 dinars, dédouané sur cette base pour être ensuite écoulé sur le marché domestique suivant cette structure de prix à cause d'énormes pertes pour bon nombre d'opérateurs. En effet, à l'échéance du paiement soit un mois ou trois mois après, l'importateur se retrouve piégée par l'effet de change de 1 euro pour 96 dinars. Concrètement, une facture du mois d'octobre par exemple s'élevant à 100 mille euros soit 8 millions 800 000 dinars (au taux de 1 euro pour 88 DA) devra coûter au paiement intervenant ces jours-ci à 9 millions 600 000 dinars (au taux de 1 euro pour 96 DA) .Soit un différentiel de change énorme qui anéantit toute marge bénéficiaire. Sur le marché de gros, le lait en poudre qui oscillait entre 105 et 108 dinars devra donc de l'avis des professionnels de cette matière essentielle tourner autour de 120 dinars. La ménagère subira en définitive la hausse. “C'est grave ce qui arrive. La chute du dinar face à l'euro est inquiétante pour le pouvoir d'achat. Plusieurs produits sont concernés par ce renchérissement”, s'insurge cet opérateur qui précise qu'avec l'effet boule de neige, le niveau de fluctuation des cours des monnaies entraînant des droits de douane plus chers et un impôt plus lourd notamment la TVA et la TAIC “la hausse des prix pourrait toucher les 15% facilement”. L'autre appréhension concerne le pain tant que la farine ou tout autre intrant est libellé en monnaie européenne. Autre produit sensible soumis aux aléas du change et dont la sauvegarde ne peut être traitée que par des décisions politiques, le médicament importé à 99% d'Europe et donc payé en euro. Son importation ou celle des intrants qui le composent donne le vertige aux professionnels qui font état de pertes à coups de milliards sans pour autant disposer de marge de manœuvre à même d'endiguer l'envolée des cours qu'ils subissent dans leur structures de prix. Sur ce chapitre, les professionnels avertissent “si la situation perdure, le seul moyen reste la limitation des achats et des approvisionnements avec les risques de provoquer des pénuries. Car nous ne pouvons pas continuer à rogner sur notre marge sinon nous mettrons la clé sous le paillasson”. Véritable appel de “malade” le SOS des professionnels de la santé ou des importateurs privés qui revendiquent un rôle d'utilité politique dans l'approvisionnement du pays. Il y a urgence à mettre en place des mécanismes de protection contre les aléas du change “si on veut réellement éviter qu'on soit obligé de répercuter la flambée de l'euro sur nos produits”. A. W.