Louisa Hanoune considère que les problèmes que connaît l'Algérie sur le plan social, économique et sécuritaire sont tels que parler actuellement des législatives de 2017 serait une forme de diversion. La question de la participation aux élections législatives de 2017 ou non n'est pas à l'ordre du jour au Parti des travailleurs. Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT, a estimé hier, dans une conférence de presse au siège de son parti, à Alger, qu'"il y a plus urgent à traiter et que ces élections ne régleront rien". Pour elle, la question ne se pose même pas encore, car "le Parti des travailleurs reste concentré sur l'essentiel". Et l'essentiel, le plus urgent donc pour Louisa Hanoune, ce sont "les problèmes que connaît le pays sur le plan social, économique, sécuritaire", mais aussi dans "le domaine des libertés collectives et individuelles, notamment la liberté de la presse qui connaît un acharnement sans précédent". La SG du PT estime ainsi qu'il serait "prématuré" de parler des législatives de 2017, alors que la situation actuelle du pays qu'elle juge d'ailleurs "extrêmement dangereuse" exige "une vigilance particulière". Pour l'instant, Louisa Hanoune souligne que "les militants du parti sont surtout mobilisés à militer pour arrêter le rouleau compresseur". Et par rouleau compresseur, la première dame du PT entend "les lois compradores et scélérates adoptées de force et avec violence à l'APN", aussi "les atteintes à la liberté d'expression", et surtout "les mesures antisociales" et "la politique d'austérité engagée par le gouvernement". Face à un tel état de fait, Louisa Hanoune estime donc que "parler des législatives de 2017 serait une forme de diversion". En clair, une fuite en avant face aux problèmes de l'heure. Et elle se demande d'ailleurs si "ceux qui décident ne voient pas que ce sont eux-mêmes qui réunissent les conditions pour que le peuple se soulève ?". Car la SG du PT rappelle que "c'est grâce à sa politique sociale que l'Algérie a pu éviter le péril du Printemps arabe". Une politique sociale qui, pour Louisa Hanoune, "comporte, certes, des contradictions et des solutions pas durables", mais qui "a tout de même permis d'immuniser le pays". Aujourd'hui, elle considère que "les orientations politiques, sociales et économiques du pays connaissent des changements radicaux", et que "les ressorts entre l'Etat et le peuple sont en passe d'être rompus". Ce qui est "une grosse source d'inquiétude" pour Mme Hanoune qui explique qu'"en plus de la mobilisation des troupes de l'ANP, le péril sécuritaire aux frontières du pays est tel qu'il exige aujourd'hui la solidarité et l'engagement des populations". Une solidarité et un engagement que "les mesures antisociales et la politique d'austérité du gouvernement n'encouragent pas en ce moment". Elle rappelle d'ailleurs les derniers rapports des Etats-Unis, mais aussi ceux de l'ONU qui prévoient un repli des milices terroristes vers l'Algérie après l'intervention de l'armée américaine en Libye. Ce qui explique justement l'état d'alerte et la forte mobilisation de l'Armée algérienne sur la bande frontalière avec la Libye. Mais encore une fois, Louisa Hanoune pense que "l'appui des populations des frontières de l'Algérie est indispensable pour les soldats de l'ANP". Un appui que "la politique actuelle du gouvernement qui sert une minorité creuse davantage le fossé avec la majorité du peuple". Et lorsqu'"un régime perd sa base sociale", relève-t-elle, "il cherche forcément des appuis à l'étranger". À ce moment-là, conclut-elle, "le pays sera sous protectorat". Un aboutissement, prévient enfin Mme Hanoune, que "le peuple algérien n'acceptera jamais". Mehdi Mehenni