La Compagnie nationale de navigation (Cnan) a réceptionné, hier au port d'Alger, un navire de transport de marchandises, dans le cadre du programme de renforcement de la flotte nationale de transport maritime, en présence du ministre des Transports et des Travaux publics, Boudjema Talaï. Ce navire neuf, baptisé "Tinziren", d'une capacité de 12 000 tonnes et acquis pour 25 millions de dollars, est équipé des technologies les plus modernes et doté d'une dernière génération de motorisation, rapporte l'APS. Il s'agit de la huitième acquisition dans le cadre d'un programme qui prévoit l'acquisition d'un total de 25 navires : 18 cargos pour la filiale Cnan Nord et 7 navires pour Cnan Med. "L'objectif du secteur est que le transport de la marchandise algérienne soit assuré par la flotte nationale", a insisté le ministre, relevant que le coût annuel du transport maritime de la marchandise algérienne s'élève à 1,6 milliard de dollars. Il a fait part, à ce titre, de l'objectif de son département qui consiste à augmenter d'ici à 2020 la part de la flotte algérienne dans l'activité de transport maritime de marchandises à 30%. Le ministre des Transports a indiqué que des partenariats "public-privé" peuvent être envisagés pour la création de nouvelles entreprises afin de renforcer la flotte nationale. La quasi-totalité des échanges commerciaux de l'Algérie avec le reste du monde s'effectue par voie maritime, mais le marché échappe totalement aux opérateurs locaux. Lors d'une rencontre organisée par le FCE, Abdelhamid Bouarroudj, ancien cadre de Cnan-Group, avait indiqué que durant les années 1980, l'Algérie disposait d'une flotte enviable, parmi les plus importantes du tiers-monde. Elle était classée parmi les 50 premières mondiales. La flotte, battant pavillon algérien, était alors composée de plus de 80 navires de tous types (vraquiers, tankers, chimiquiers, transporteurs de gaz, pétroliers, Multipurpose, RO-RO, car-ferries). Aujourd'hui, l'offre nationale de transport maritime des marchandises générales est réduite à sa plus simple expression. En l'absence d'un armement national digne de ce nom, qui doit constituer la référence en la matière, les armements étrangers imposent leurs conditions. Abdelhamid Bouarroudj avait affirmé, en 2012, que les pertes subies par les opérateurs algériens sur le fret maritime sont estimées à 200 millions de dollars. Les surcoûts liés aux surestaries conteneurs sont évalués à 340 millions de dollars. Les surcoûts liés aux frais de manutention s'élèvent à 110 millions. Globalement, l'Algérie subit un surcoût de 650 millions de dollars, par an, "représentant globalement la valeur d'achat de plus de 25 navires de ligne adaptés aux trafics de ligne algéro-européens". Le ministre des Transports a également soulevé, hier, la problématique du coût élevé de la logistique en Algérie par rapport aux pays étrangers où il atteint 5% seulement, contre 30% en Algérie, en préconisant de ramener ce taux à 10% à terme. M. R.