La décision de limogeage du directeur des travaux publics (DTP) de la wilaya de Béjaïa a provoqué un tollé général et une vague de réprobation unanime au sein de la classe politique locale, toutes tendances confondues. En effet, depuis l'annonce de cette décision, le 16 août dernier, des militants politiques, des élus locaux, des cadres administratifs et autres fonctionnaires de la wilaya ne cessent de s'interroger sur les raisons ayant motivé la destitution de Rachid Ourabah, ingénieur en travaux publics, connu pour son dynamisme et ses compétences avérées. Ainsi, les membres de l'Assemblée populaire de wilaya (APW), toutes tendances confondues, se sont montrés solidaires avec M. Ourabah et s'engagent à se mobiliser pour le soutenir auprès des responsables de son secteur. On apprend que même le président de l'APW, Ali Rabahi, a tenu à exprimer son soutien au DTP relevé de ses fonctions, à travers une correspondance officielle adressée au ministère des Travaux publics. Une initiative qui n'a pas manqué, d'ailleurs, de susciter la réaction du département de Boudjema Talaï, lequel a diligenté une commission d'enquête composée de deux inspecteurs centraux à Béjaïa, afin de s'enquérir des tenants et aboutissants de cette décision controversée. Notons que le désormais ex-DTP de Béjaïa a, lui aussi, introduit un recours à son ministère de tutelle pour s'expliquer sur les vraies raisons ayant poussé le wali de Béjaïa, Ouled Salah Zitouni, à adresser au ministère des Travaux publics, un rapport accablant à son encontre. On croit savoir que parmi les griefs retenus par le wali contre M. Ourabah, le retard flagrant qu'accuse le chantier de la pénétrante autoroutière devant relier Béjaïa à l'autoroute Est-Ouest. "Il lui est reproché d'avoir annoncé prématurément la livraison de la première tranche de la pénétrante, à l'occasion de la célébration du 60e anniversaire du Congrès de la Soummam. Et finalement, il n'a pas pu tenir sa promesse", nous apprend une source proche du cabinet du wali de Béjaïa. Néanmoins, selon les témoignages de Mme Kafi Farida, élue FLN à l'APW de Béjaïa, qui se déclare solidaire avec M. Ourabah, celui-ci n'aurait jamais annoncé la réception du tronçon de la pénétrante reliant le village Akhenak (Seddouk) à Ahnif (Bouira), à l'occasion du 20 Août 2016. "On veut faire de M. Ourabah un bouc émissaire. Il n'a rien promis, lui qui maîtrise parfaitement son domaine d'activité. Tout le monde sait à Béjaïa et même au ministère des Travaux publics qu'il est très compétent et intègre. Nous, les élus de l'APW, le soutenons jusqu'au bout et demandons sa réhabilitation immédiate. C'est l'un des dignes fils de la région, estimé de tous", a-t-elle témoigné. Notre interlocutrice, qui a rencontré, jeudi dernier, au siège de la DTP de Béjaïa, en compagnie d'autres élus à l'APW, les deux inspecteurs dépêchés par le ministère des Travaux publics, déclare avoir défendu avec les mêmes arguments M. Ourabah. Elle soutient, à ce titre, que ce dernier n'a cessé de redoubler d'efforts depuis son arrivée, en avril 2011, pour booster son secteur qui a bénéficié ces dernières années de plusieurs projets d'envergure, tels que la pénétrante autoroutière, l'échangeur des Quatre-Chemins, les deux ports de pêche sur la côte ouest de Béjaïa, les travaux d'extension et de rénovation du port de pêche, la modernisation et réfection des différentes voies de communication que compte le réseau routier de la wilaya. Par ailleurs, selon la vox populi, M. Ourabah aurait fait les frais de ses ripostes jugées "trop audacieuses" aux sévères remontrances de l'actuel wali de Béjaïa. KAMAL OUHNIA