L'idée de relier Béjaïa à l'autoroute Est-Ouest fait son chemin. Mais le projet prend du retard. La future pénétrante sur laquelle Béjaïa fond de grands espoirs est embourbée dans d'énormes patinages. On appelle cela un glissement chronologique. Alors que le projet devait être livré, initialement, en 2010, se sera finalement dans le meilleur des cas en 2014. Le chantier ne sera pas lancé avant 2010, selon le directeur des travaux publics (DTP). Amar Ghoul, ministre des travaux publics, qui visitait avant-hier, lundi, Béjaïa, n'a pas répondu à notre question sur le sujet. Le ministre préférait se concentrer sur l'inspection d'une série de petits projets de réhabilitation de routes nationales et de chemins de wilaya. Considérée comme une « veine jugulaire », la future pénétrante autoroutière est censée désengorger le deuxième port du pays et désenclaver un tissu de PME qui constituent le poumon économique de Béjaïa. Il faut dire, l'idée est vieille de neuf ans. Mais il a fallu attendre 2005, pour que le projet soit inscrit. La future pénétrante est censée s'étaler sur une centaine de kilomètres pour relier la ville de Béjaïa à l'autoroute Est-Ouest près d'Ahnif, dans la wilaya de Bouira. Le tracé projeté en deux fois deux voies longera la rive sud de l'oued Soummam. Un tunnel de 1,5 km et un viaduc sont respectivement prévus au sud de Sidi Aïch et à Akbou. Le tracé sur lequel est projetée une soixantaine d'ouvrages d'art devait desservir 5 villes longeant la vallée (Aboudaou, El Kseur, Sidi Aïch, Akbou et Tazmalt). « Le projet est au stade de l'étude, le financement est consigné », répondait le wali à notre question sur le sujet. L'agence nationale des autoroutes (ANA) qui a déjà hérité, en mai 2008, ce projet avec du plomb dans les ailes, n'a pas mieux fait. Il a fallu attendre 16 longs mois pour qu'enfin, un avis d'appel d'offres pour la réalisation de l'avant-projet détaillé (APD) soit lancé en septembre dernier. L'étude d'avant-projet sommaire (APS) avait été effectuée par le bureau d'études SAETI-Alger, mais elle n'a été finalisée qu'en 2008. Un décret de déclaration d'utilité publique avait été publié, cinq mois plus tôt, soit fin mars dernier, dans le journal officiel. Lenteurs Le texte devait permettre de procéder aux opérations d'expropriation. Le ministère des finances a débloqué 10 milliards de dinars pour les besoins de ces expropriations et les déplacements des réseaux (télécoms, électriques et hydrauliques). Le projet est actuellement au stade de finalisation de l'avant-projet détaillé pour déterminer l'ensemble des terrains et habitations situés sur l'emprise du tracé ainsi que les réseaux à déplacer. Le bureau d'études SAETI-Alger s'affaire à présent à poser des bornes tout au long du couloir de la future pénétrante. Seule une section de 40 km a été bornée. Voilà pourquoi une commission a été mise en place, en juin 2009, pour suivre le projet. Une commission ad-hoc (ANA, DTP et élus APW) devait notamment inventorier les contraintes. Un inventaire des biens et des réseaux à déplacer a été établi à Boudjelil et à Aït Rzine. L'opération se poursuit à travers les 13 autres communes traversées par le tracé. Face à toutes ces lenteurs, Béjaïa devait prendre son mal en patience pour espérer être enfin irriguée par cette fameuse et très attendue pénétrante autoroutière.