Les accusations du ministre en poste auront-elles une suite concrète ou répondent-elles à des desseins occultes en cette période où la guerre des clans bat son plein en haut lieu ? Le ministre de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat, Abdelouahab Nouri, vient de jeter un véritable pavé dans la mare. En effet, à travers ses révélations fracassantes de jeudi dernier, quant à l'attribution "illégale" de lots de terrain dans le Parc des Grands-Vents, à Alger, également connu sous le nom de Parc Dounia, le ministre visait certainement des têtes. Si M. Nouri a habilement évité de nommer le ou les responsables qui seraient impliqués dans cette énième malversation enregistrée dans le secteur du tourisme, sa fléchette est décochée, insidieusement mais on ne peut plus clairement, à son prédécesseur, en l'occurrence Amar Ghoul. Cela, d'autant plus que cette opération douteuse, qu'est l'attribution des lots de terrain au Parc des Grands-Vents, a eu lieu sous le règne de ce dernier. En tant que premier responsable du secteur à l'époque des faits incriminés, M. Ghoul ne peut être que concerné par cette affaire. De près ou de loin. Même si on doit supposer qu'il aurait été dupé par son entourage ou que l'opération aurait été finalisée à son insu, cela ne dédouane en aucun cas un ministre de tutelle censé tout contrôler dans son secteur. Sous d'autres cieux, il serait, à tout le moins, mis en demeure de s'expliquer et, éventuellement, poursuivi. Pour l'instant, seul le directeur de cette enceinte dénommée Dounia Parc risquerait d'être sacrifié à la suite de ce scandale révélé au grand jour par le ministre lui-même. Un sacrifice qui nous rappelle bizarrement celui réservé à certains responsables du ministre des Travaux publics lorsque le scandale de l'autoroute Est-Ouest avait éclaté. C'était encore sous l'ère du même Amar Goul... Ce ministre du secteur, à la longévité rare, ne sera d'ailleurs jamais inquiété dans le cadre de cette affaire, qualifiée de "scandale du siècle", au même titre que l'affaire Khalifa ! Même s'il a qualifié la situation de "grave", M. Nouri n'a, à aucun moment, évoqué d'éventuelles poursuites judiciaires contre un quelconque responsable. Il se contente de prendre des "mesures urgentes et rigoureuses" consistant, notamment, en la "résiliation des contrats relatifs à 96 projets dont une quarantaine de fast-foods". Du coup, son prédécesseur, nommé sénateur du tiers présidentiel juste après sa sortie de l'Exécutif lors du dernier remaniement du gouvernement, peut encore dormir sur ses lauriers. Mais à quoi bon révéler alors des scandales ou des affaires douteuses si cela doit rester sans suite ? Amar Ghoul serait-il donc, à nouveau, au cœur d'un scandale ? Possible. Mais à moins que les révélations de M. Nouri ne répondent à des desseins occultes en cette période où la guerre des clans bat son plein en haut lieu, il est difficile d'accorder une once de crédit à une quelconque volonté de l'Exécutif de mettre fin à des pratiques devenues monnaie courante dans notre pays. N'est-ce pas que le pouvoir nous a habitués à sortir ce genre d'affaires à l'approche de chaque échéance politique et/ou électorale ? L'avenir nous en dira peut-être davantage sur cette affaire qui ne fait que commencer, sur ce nouveau scandale désormais qui autorise toutes les supputations. Farid Abdeladim