S'il avait survécu même au scandale de l'autoroute Est-Ouest ayant éclaboussé le département des Travaux publics qu'il avait longtemps dirigé, Amar Ghoul a fini par être déquillé du gouvernement à la faveur du remaniement gouvernemental opéré hier par le chef de l'Etat. C'est d'ailleurs la grosse surprise de ce remaniement partiel. Surprise, en ce sens qu'il n'a jamais quitté le gouvernement depuis sa première désignation en 1999, année de l'arrivée d'Abdelaziz Bouteflika au pouvoir. Mais aussi, c'est parce qu'il a toujours été considéré parmi les plus proches du clan présidentiel. Ceci, quand bien même ce n'est pas "un enfant du clan". Ghoul est arrivé au gouvernement par le billet du parti islamiste HMS du défunt Mahfoud Nahnah (MSP, aujourd'hui), qui avait choisi l'entrisme comme politique. Après trois ans, (1999-2002) et un passage au département de la Pêche et des Ressources halieutiques, c'est dans le secteur des Travaux publics que Ghoul s'éternisera. Il y passera 11 années consécutives. Cité dans le scandale de l'autoroute Est-Ouest, l'artisan de ce projet dit "du siècle" a fait le dos rond pendant quelques années avant de se tirer d'affaire pour être rappelé successivement au ministère des Transports, en 2013, puis à celui de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat. Il a ainsi fait partie des quatorze derniers gouvernements. Parallèlement à ses activités de ministre, l'enfant d'Aïn Defla n'a jamais renoncé au militantisme politique, d'abord au sein du MSP auquel il doit ses trois mandats de député, puis en créant, en 2012, son propre parti, Tadjamoue amel el-djazaïr (Taj). Ghoul n'aura cependant jamais siégé à l'Assemblée nationale. De l'entrisme, il maîtrise tellement les ficelles, ce qui lui a permis de rester longtemps dans les grâces des décideurs. Il a survécu à toutes les turbulences, car toujours disponible à défendre le pouvoir. Il a même souvent confondu ses activités partisanes et ses tâches de ministre. Et comme dans une sorte de retour d'ascenseur, son parti naissant se verra vite hisser au rang de "force politique". Il comptera même une quinzaine de sièges au Parlement, même si la création de Taj est intervenue bien après le scrutin des législatives de 2012 auquel Amar Ghoul avait alors participé sous la bannière du MSP, partie prenante de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) avec par les deux autres partis islamistes, Islah et Ennahda. Mais à quels desseins répond ce "lâchage" inédit de Ghoul par le pouvoir ? Ce dernier a-t-il trouvé meilleur "partenaire" que lui en prévision des échéances à venir, notamment les législatives de 2017 ? Ou bien, serait-il tout simplement la victime collatérale du clan affaibli du DRS incarné par le général Mohamed Mediène dit Toufik ? Une chose est sûre, Amar Ghoul tout comme Toufik sont néanmoins plus que jamais libres pour... rejouer un match de foot. Farid Abdeladim