"Certains tentent depuis quelque temps de politiser ce dossier, mais qu'ils sachent que nous n'allons pas revenir sur notre décision de réformer le système des retraites", a asséné le Premier ministre. À la veille de la rentrée sociale très fortement appréhendée, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, ne lâche pas du lest et maintient le cap des réformes que son gouvernement a engagées. Aux syndicats qui sont montés au créneau pour lui demander de surseoir à la suppression de la retraite anticipée, il dit niet. S'exprimant hier en marge de sa visite effectuée dans la wilaya de Saïda, M. Sellal s'est, contre vents et marées, montré ferme sur cette question. "Certains tentent depuis quelque temps de politiser ce dossier, mais qu'ils sachent que nous n'allons pas revenir sur notre décision de réformer le système des retraites", a-t-il sèchement lancé, avant d'expliquer que le gouvernement n'aurait, en fait, rien inventé en la matière et qu'il ne s'agissait que de reprendre l'ancien dispositif régissant le secteur des retraites, remplacé en 1997 par le système recommandé par le FMI dans le cadre du plan d'ajustement structurel. "Si nous avons décidé de réformer le système des retraites, c'est parce que celui mis en place depuis 1997 n'est plus adapté au contexte actuel. Et par cette réforme, nous ne voulons ni plus ni moins que reprendre le système d'avant 1997, et ce, dans le souci d'assurer l'équilibre de la Caisse nationale des retraites. Dans cet ancien système que nous allons reprendre, le ratio des cotisations était de loin meilleur ; il y avait au moins 7 employés qui cotisaient pour une seule pension versée, avec l'actuel système, cette pension est assurée par à peine 3 cotisants. Donc, notre choix est juste", a argué le Premier ministre déterminé à ne pas revenir sur la décision entérinée par le gouvernent. Ceci, ajoute-t-il, un brin optimiste, même si "nous avons des garanties que les recettes pétrolières resteront encore stables". Parmi les mesures phares prises et contenues dans cette réforme, faut-il le rappeler, figurent notamment la suppression de la retraite anticipée et la fixation à 60 ans de l'âge légal de départ à la retraite. Deux mesures vivement contestées par les syndicats et certaines formations politiques accusant le gouvernement de remettre en cause des "acquis" des travailleurs. La rentrée en vigueur de ce nouveau système des retraites est prévue pour l'année prochaine. Une année 2017 qui s'annonce, par ailleurs, sous de mauvais auspices, du fait, notamment, de la crise économique qui a inspiré au gouvernement le projet d'une loi de finances encore plus rigoureuse. Le gouvernement compte, en effet, y introduire une série de nouvelles taxes pour éviter les déséquilibres budgétaires. Logement : "Aucun programme ne sera arrêté" Néanmoins, le Premier ministre refuse toujours de parler d'austérité, non sans afficher son "optimisme" quant à l'engagement du gouvernement à relever le défi de diversifier l'économie nationale pour sortir prochainement de la dépendance des hydrocarbures. En ce sens que M. Sellal se montre d'ailleurs optimiste au point de reprocher à la Banque mondiale d'établir des prévisions totalement erronées s'agissant de la santé financière de l'Algérie. Une Banque mondiale qui, dans son récent rapport, prévoit l'amenuisement des recettes pétrolières de l'Algérie. Pour la Banque mondiale, ces recettes baisseront progressivement pour atteindre le seuil des "60 milliards de dollars d'ici à 2018". Ce que conteste M. Sellal qui table sur un seuil "minimum de 100 milliards de dollars en 2019". Pour étayer ses propos, il met en avant l'argument d'une croissance qui, selon lui, se stabiliserait actuellement à "3,5%". Cette croissance que M. Sellal prévoit de passer à "3,9%" au courant de l'année prochaine. M. Sellal qui ne s'enorgueillit pas moins de la "baisse du taux chômage", même s'il n'avance pas de chiffre, a soutenu que ce taux de croissance "appréciable" a été le fruit de "l'essor" que connaît le secteur de l'Industrie qui aura, dit-il, contribué au PIB avec des recettes en constante augmentation ayant étant passée de "16 700 milliards de dinars, en 2015, à 17 671 milliards de dinars 2016". Selon ses estimations, ces recettes atteindront les "22 000 milliards de dinars en 2017". Dans la foulée, le Premier ministre rassure, par ailleurs, que la crise économique induite par la dégringolade des recettes pétrolières n'affectera en aucun cas le programme ambitieux de logements, tous dispositifs confondus, lancé par le gouvernement. "Aucun programme de logement ne sera arrêté, quitte à puiser dans différentes recettes de l'économie nationale. Le déclin des recettes des hydrocarbures n'aura donc aucun effet sur les programmes de logement ordonnés par le président Abdelaziz Bouteflika", a tenu à rassurer M. Sellal, non sans titiller au passage son ministre de l'Habitat, Abdelmadjid Tebboune, en l'exhortant à améliorer les réalisations. "Nous voulons un débat politique" Parlant des élections législatives et locales, le Premier ministre a appelé à privilégier le "dialogue sérieux" à la "surenchère". M. Sellal a précisé, dans une déclaration à la presse en marge de sa visite de travail dans cette wilaya, que l'Algérie "aborde une année électorale qui mettra en avant en premier lieu la classe politique, le rôle du gouvernement, se résumant à la préparation matérielle et à l'organisation". Il a, en outre, exprimé le vœu de voir les prochaines élections législatives et locales être "un espace de dialogue sérieux sur les grandes questions de la nation et les dossiers prioritaires plutôt qu'un moment de surenchère, de manœuvre et de désinformation". "Nous voulons un débat politique et non un débat politicien", a-t-il souligné. Le Premier ministre a soutenu que dans le cadre de "la grande avancée politique qu'a connue dernièrement le pays, avec la nouvelle Constitution, le peuple a tranché des questions comme l'identité et la réconciliation. Il a également opté, souverainement, pour les choix de l'actuel mandat présidentiel". De notre envoyé spécial à Saïda : Farid Abdeladim