Résumé : En rentrant chez elle, Malika est surprise de retrouver sa sœur aînée Kamélia. Cette dernière s'aperçoit tout de suite du désarroi de sa cadette et lui demande de se confier à elle. Malika déglutit et jette une regard suppliant à sa sœur, qui lui prend la main et la garde dans la sienne. Ce geste réconforte la jeune femme. Elle toussote puis prend une lente inspiration et se met à lui narrer ses petites anecdotes. Tout d'abord, l'incident avec l'infirmière qui lui avait écrit pour lui demander de s'écarter de Rachid et l'empressement de ce dernier à la courtiser. Puis elle lui parle de Chahine et du décès de sa mère, et enfin les sous-entendus à peine camouflés d'Anissa. À la fin du récit, Kamélia secoue la tête. - On dirait que les gens n'ont rien d'autre à faire que se surveiller les uns les autres. Cette Anissa est plutôt à plaindre. On voit qu'elle n'a aucune personnalité. - Et moi, tu ne me plains pas Kamélia ? - Toi ? Mais non, je ne te plains pas. Au contraire, je suis heureuse de constater que tu ne manques pas de prétendants, c'est un bon signe. Tu as du succès auprès des hommes, petite sœur. - Je ne manque pas de prétendants ? Qui appelles-tu prétendant ? Rachid ou Chahine ? - Disons Chahine (elle marque une hésitation), et... quelqu'un d'autre. - Quelqu'un d'autre ? - Oui. Kamélia termine de boire son café et prend ses aises dans le fauteuil. - Tu sais Malika, le mektoub peut parfois s'avérer être une personne qu'on n'a jamais connue. - Ah ! Et comment ? - Eh bien, disons qu'il y a un prétendant dans l'ombre qui s'intéresse à toi. - Un prétendant dans l'ombre ? - Attends, je vais t'expliquer. Elle sourit et fait une petite moue de connivence. - Omar a un ami qui cherche à se marier. Riad. Je le connais bien pour l'avoir reçu à maintes reprises chez moi. C'est un type bien comme il se doit. Il est diplômé en sciences économiques, et pense préparer un doctorat prochainement à Paris. Ses papiers sont déjà prêts. C'est quelqu'un qui aimerait se stabiliser, prendre femme et fonder son foyer avant de penser à émigrer sous d'autres cieux. - Hum. Et tu as, bien sûr, pensé tout bonnement à ta petite sœur. - Bien entendu. Omar m'en avait parlé il y a quelques jours. Et puis comme tu avais déjà ces deux lascars dans la course... - Attends un peu Kamélia. Je n'ai plus deux lascars. Rachid ne représente plus rien pour moi. Il y a peut-être Chahine. Mais hormis ses sous-entendus, il ne s'est pas encore prononcé. Elle hausse les épaules. - Peut-être que je ne l'intéresse pas réellement pour ses projets futurs. Il me voit juste comme une bonne amie. - Alors, que penses-tu de la proposition de Omar ? Malika se sentit tout à coup mal à l'aise. Après tout, on ne se mariait plus de cette façon de nos jours. Ce Riad, elle ne le connaissait pas. D'autant plus que c'est quelqu'un qui doit être pressé de s'unir au plus vite pour réaliser ses projets. Elle vient à peine de dénicher un boulot. Et par les temps qui courent, Dieu seul sait si cela a été facile. Elle eut un terrible pincement au cœur à la pensée de devoir quitter la banque et... Chahine. Un pincement qui lui rappelle que ce dernier ne lui était pas indifférent. (À suivre) Y. H.