Résumé : Keltoum et son fils prennent congé. La famille de Narimène était charmée par leur présence, et la vieille Noria espère de tout cœur revoir le jeune homme. Slimane, par contre, pense que seul le destin doit trancher dans cette affaire. Le passé n'avait pas été trop gai pour leur fille. Slimane soupire : -J'espère qu'elle saura remonter la pente pour retrouver la joie de vivre. Elle a tellement souffert la pauvre petite. -Et toi qui voulais la renvoyer en France. -Je n'avais pas le choix. Elle passait ses journées à pleurer et à se lamenter sur son sort. Sa cadette est mariée et déjà mère de famille, et son frère a déjà tracé son avenir ailleurs avec une Française. Nous pensions bien faire en la gardant auprès de nous. Noria hoche la tête : -Oui. Quelles que soient leurs décisions, les parents pensent toujours bien faire. Bien que ce ne soit pas souvent le cas. Narimène sortit du salon un plateau de vaisselle sale entre les mains. Noria lui sourit : -Comme je suis heureuse pour toi ma fille. Ces gens me semblent bien comme il faut, et Racim n'a cessé de te dévisager. Narimène s'arrête une seconde devant sa mère, puis poursuit son chemin vers la cuisine. Elle dépose les tasses et les verres dans un bac et prend du savon liquide pour faire la vaisselle. -Laisse, ma fille. je vais m'en occuper. Narimène hausse les épaules : -Non. Je préfère m'en occuper moi-même. -À ta guise. Heu... tu me sembles moins crispée aujourd'hui. À coup sûr Racim te plaît, n'est-ce pas ? Slimane secoue la tête. L'impatience de sa femme le rendait malade. Elle est incorrigible ! Il tourne les talons et retourne au salon pour allumer la télé. Noria s'approche de sa fille et lui donne un coup de coude dans les côtes : -N'est-ce pas que ce jeune homme te plaît ? -Bof ! -Bof ? C'est tout ce que tu trouves à dire ? -Que veux-tu que je te dise ? Je ne le connais même pas. -Ce n'est pas une tare. Tu vas le connaître. Vous avez échangé vos coordonnées. Et puis, on a beau vivre avec un homme, on ne le connaît jamais assez. Regarde un peu ton père et moi. Nous sommes mariés depuis plus de trente ans. Mais lorsqu'il commence à faire des siennes, j'ai l'impression de le rencontrer pour la première fois. Narimène garde le silence. Elle ouvre le robinet et laisse couler l'eau claire sur la vaisselle puis prend les verres un par un et se met à les rincer. Noria lance un regard désapprobateur à sa fille et poursuit : -Tu ne veux pas répondre. Tu es comme ton père. Tu ne crois que ce que tu vois. Et encore, là aussi tu doutes de ce que tu vois. Narimène dépose ses verres dans un égouttoir et prend un torchon pour les essuyer. Elle n'avait aucune réponse à donner. Racim était un bel homme. Quelqu'un qui semblait savoir ce qu'il faisait. Il devrait avoir quelques années de plus qu'elle, mais l'âge ne comptait pas. Elle cherchait autre chose chez un homme. Quelque chose qui fera d'elle une femme, une épouse, et pourquoi pas une bonne mère. Depuis son adolescence, elle rêvait d'épouser un homme cultivé, beau, et surtout compréhensif et romantique. Un homme auprès de qui elle se sentira en sécurité. -Ma présence et mes propos te dérangent. Je te laisse méditer sur ton sort. Noria allait quitter la cuisine, puis se ravise et revient vers sa fille : -Si j'ai un conseil à te donner, ne rate surtout pas cette occasion. Ce n'est pas tous les jours que tu recevras des prétendants comme Racim. Narimène s'entête à garder le silence. Son esprit vagabondait. Le jeune homme lui avait plu au premier abord. Elle avait apprécié aussi ses manières et sa façon d'entretenir une discussion. Que faisait-il déjà ? Ah ! Il dirigeait une petite entreprise familiale. De quoi ? Elle lui posera la question. Heu... il a bien dit qu'il allait l'appeler à 21 heures ce soir. Elle jette un coup d'œil à la pendule de la cuisine et constate qu'on était déjà en fin d'après-midi. Le temps passait très vite. Que va donc lui raconter Racim pour leur premier entretien ? Elle sourit intérieurement. Il va sûrement faire des éloges sur son physique. Tout le monde fait des éloges sur son physique. (À suivre) Y. H.