Résumé : El Hadj Mokhtar et son épouse Khadoujd sont de vieux paysans très attachés à leur village. L'homme parle des filles de la grande ville, qui travaillent dans des bureaux et envoient leurs enfants dans des crèches. La vieille femme est sidérée. Le vieil homme s'essuya les yeux avec un grand mouchoir à carreaux, avant de poursuivre : -Les temps ont changé femme, tu viens de le dire... Khedoudj fronce les sourcils et lance d'une voix courroucée : -Je ne veux pas d'une fille de la ville comme bru...Tant que je suis en vie, je ne tolèrerai pas que Athmane épouse une citadine. -Laisse faire le destin femme. Athmane n'est plus un gamin. Il sera bientôt médecin et saura choisir la femme qu'il lui faut. -Tu n'y penses pas mon bonhomme........Athmane est encore un enfant. Il sait à peine différencier une poule d'un coq, et un bœuf d'une vache. -Quelle catastrophe ! A ce rythme Athmane ne saura pas aussi différencier entre un homme et une femme. C'est ce que tu veux me faire croire femme ? -Pas à ce point. Mais tout de même il est encore trop jeune à mon avis pour se lancer dans la grande expérience de la vie. -Nous étions plus jeunes que lui quand nous nous sommes mariés, n'est-ce pas ? -Oui...mais les temps ont changé. Quelques jours plus tard, Athmane qui étudiait dans la grande ville, vint rendre visite à ses parents. Mais cette fois-ci il n'était pas seul. La rutilante voiture rouge qui le déposa au seuil de la maison natale était conduite par une jolie jeune fille, qui une fois familiarisée avec les lieux, alla se garer sous un olivier mitoyen à la maison. Mokhtar et la vieille Khadoudj qui étaient au jardin, écarquillèrent les yeux et retinrent leur souffle. Athmane s'avance prestement vers ses parents. Il serra longuement sa mère dans ses bras, et embrasse son père sur le front : -Alors comment çà va, vous deux, leur demande-t-il en les entrelaçant... -Bien, dit son père, qui ne quittait pas des yeux la jeune demoiselle qui s'avançait vers eux. Cette dernière était habillée d'un gros pull en laine et de jeans dont les pans disparaissaient à l'intérieur d'une longue paire de bottes tandis qu'un chandail jeté négligemment sur ses épaules complétait la tenue. Elle ébauche un grand sourire pour dévoiler des dents d'une éclatante blancheur, et vint saluer à son tour les deux paysans. -Père, mère, je vous présente Nadjette... Euh...ma petite......Heu ...une amie...lance le jeune homme un peu embarrassé. Nadjette embrasse la vieille Khadoudj sur les joues, et le vieux Mokhtar sur le front, tel qu'elle avait vu faire Athmane quelques instants auparavant. Ce dernier poursuit : -Nadjette et moi sommes de bons amis, elle m'a souvent aidé dans mes recherches et collabore activement pour la protection des animaux. Je la ramène aujourd'hui dans nos montagnes afin qu'elle puisse changer d'air et par la même ausculter notre bétail...Elle est vétérinaire. -Vet...vet...quoi ? demande Khadoudj qui ne quittait pas des yeux la jeune fille. -Vétérinaire... Elle soigne les animaux, elle a fait de longues études pour ça. -Mais je soigne les animaux moi aussi, sans pour autant avoir fait des études. Mokhtar jette un coup d'œil furieux à sa femme : -Tais-toi femme. Cette jeune personne a aidé notre fils, et vient nous proposer ses services. Elle a des connaissances que tu n'as pas... Mais où est donc passé ton sens de l'hospitalité ? Il se tourne vers la jeune fille et l'invite d'une main à le suivre : -Allez, viens ma fille...sois la bienvenue. (À suivre) Y. H.