Résumé : Athmane, le fils unique du vieux couple, faisait des études en médecine. Sans crier gare, il s'amène au village avec sa petite amie Nadjette qui est vétérinaire... La vieille Khadoujd est toute remuée, mais El-Hadj Mokhtar reprend vite le dessus pour souhaiter la bienvenue à la jeune fille. El-Hadj Mokhtar se dirige vers la maison, et les autres en font de même. Khadoudj, une fois la première surprise dissipée, prépare un bon café sur son feu de bois et découpe plusieurs quartiers de galette qu'elle dépose sur une petite table, auprès d'un grand pot de beurre frais. Elle verse le café et sert son petit monde avant de s'asseoir auprès de Nadjette qui, entre temps, avait entamé une grande discussion avec le vieux Mokhtar et Athmane. -Il faut vacciner tout le bétail pour éviter les épidémies, disait-elle. J'ai ramené dans mes bagages un bon sérum. Cela va vous épargner bien des problèmes. -Tu jetteras aussi un coup d'œil sur la vache noire, elle refuse de s'alimenter et son lait n'est pas très abondant, n'est-ce pas père ? dit Athmane. -Oui, mais pas tout le temps, ta mère lui prépare de temps à autre une mixture de lavande et d'ail, et ça a l'air de donner de bons résultats. Mais si la doctoresse veut l'ausculter, qu'elle le fasse. Cela ne fera que nous rassurer davantage sur son état de santé. -Avec plaisir ammi l'hadj. Je ferais ce que je pourrais. La vieille Khadoudj, qui avait gardé le silence jusque-là sans cesser de contempler la jeune fille, intervient pour ne point rester à l'écart : -Le coq de la basse-cour s'est blessé avec un morceau de verre, je lui ai préparé un cataplasme avec des feuilles de choux et du lait...Qu'en dis-tu ? -Il faut que je voie d'abord... Avez-vous retiré entièrement le morceau de verre ? -Heu... Oui... Bien sûr... Enfin je pense... -Allons voir ça de plus près, dit Nadjette en retroussant les manches. -Non... Prends d'abord ton café ma fille, intervient le vieux Mokhtar... Tu dois être bien fatiguée après ce long voyage. À mon avis, il vaudra mieux attendre jusqu'à demain pour ausculter le bétail. Pour aujourd'hui, il se fait déjà tard, et chez nous, les paysans, une fois la dernière prière accomplie, nous soupons et dormons. -Vous ferez bien une exception aujourd'hui, dit Mokhtar. Nadjette et moi n'avons pas l'habitude de dormir tôt. -Bien sûr fiston, et pour l'occasion, ta mère va nous préparer un bon couscous au poulet. La vieille Khadoudj se lève : -Je vais égorger une poule et préparer les légumes. -C'est une excellente idée, lance El-Hadj Mokhtar. Mais attends un peu ; c'est moi qui vais égorger la poule. Viens Athmane, allons choisir la plus grasse. -Je peux t'aider ? propose Nadjette à la vieille Khadoudj. -Oui si tu veux... Attends, je vais d'abord débarrasser la table et chercher les légumes. Nadjette enlève ses bottes et se débarrasse de son gros chandail, avant de prendre un couteau pour éplucher les navets et les oignons que la vieille femme avait déposés auprès d'une cuvette d'eau. (À suivre) Y. H.