Suite à l'entretien accordé par le président de la République à La Gazette, dans lequel il répond à une question sur l'emprisonnement du directeur du journal Le Matin, Mme Benchicou a apporté les précisions suivantes : “Dans leur vaste programme de neutralisation des journaux jugés gêneurs, tels que le quotidien Le Matin que dirigeait Mohamed Benchicou depuis 1991, il semblait plus facile pour les autorités algériennes de pervertir leur volonté de musellement d'un journal en répression d'un délit de droit commun. C'est pourquoi elles ont mis tout leur machiavélisme à tenter de faire passer un journaliste libre pour un délinquant économique. Dans la réalité, cette tâche s'est révélée plus ardue que prévue. Nous en voulons pour preuve la mobilisation pour demander la libération de Mohamed Benchicou qui, loin de s'étioler, ne cesse de s'etoffer et ce, alors qu'il est détenu depuis 9 mois à la prison d'El-Harrach près d'Alger. De nombreuses personnalités du monde de la politique, de la littérature, de la presse, de la culture se sont joints et continuent à se joindre à nous pour dénoncer cet acte dictatorial qui n'honore pas ses auteurs. Pour emprisonner Mohamed Benchicou et faire taire son journal, les autorités algériennes l'accusent d'infraction à la législation des changes sur la base de bons de caisse libellés en dinars, délivrés par une banque algérienne et qui ne sont que des reçus. Ces bons de caisse ne constituent pas une infraction, et aucun texte de loi n'en interdit la possession, ni sur le territoire algérien ni en dehors. Les ministères de l'Intérieur et des Finances se sont chargés de la sale besogne, à savoir de fabriquer de faux procès-verbaux et de faux témoignages pour accabler Mohamed Benchicou. Une parodie de procès a fait le reste. En outre, et alors qu'il était placé tout aussi abusivement depuis neuf mois sous contrôle judiciaire, Mohamed Benchicou est jugé coupable et incarcéré au premier jugement sans possibilité de recours. Le président de l'Observatoire algérien des droits de l'Homme a dénoncé cette incarcération abusive qui rappelle les méthodes staliniennes, selon ses propres termes.Ainsi, à l'heure où le président Bouteflika, à la recherche d'une aura internationale, initie la réconciliation avec les islamistes et s'apprête à décréter l'amnistie générale, un directeur de journal paie de la prison les choix éditoriaux de son journal opposé à la politique officielle. L'affaire de Mohamed Benchicou est aussi simple que cela. Nous portons à votre connaissance, par ailleurs, que Mohamed Benchicou partage sa cellule avec une cinquantaine de détenus. Qu'il est laissé sans soins en dépit de son état de santé qui ne cesse de se détériorer en raison d'une arthrose. Mais que de sa prison, il continue de nous donner une belle leçon de liberté et de dignité. Son aura à lui est intacte.” Pour le collectif pour la liberté de la presse en Algérie Mme Fatiha Benchicou