Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) estime que la situation prévalant actuellement dans le pays "est annonciatrice de graves troubles sociaux". Les résolutions du conseil national du RCD, rendues publiques hier, sont alarmantes. Le parti relève d'emblée qu'"en ce vingt-huitième anniversaire des événements d'Octobre 1988 où l'Armée algérienne a tiré sur la jeunesse pour protéger un régime qui a confisqué la souveraineté du peuple par la dictature, tous les indicateurs de la situation du pays indiquent qu'aucune leçon n'a été tirée de cette tragédie". Le RCD se veut inquiet et souligne que "l'érosion continue du pouvoir d'achat de larges couches de la population sous l'effet conjugué d'une dévaluation du dinar, de l'augmentation des prix de la plupart des produits et des services et de la stagnation des salaires est annonciatrice de graves troubles sociaux". Aussi, alerte le Rassemblement, "l'austérité organisée autour des investissements structurants dans la loi de finances 2016, et reconduite avec plus de rigueur dans le projet de la LFC 2017, ne peut que faire le lit d'une révolte aux conséquences incalculables au vue de la mise au pas de tous les instruments de médiation, des cadres de recours et d'une situation régionale porteuse de dangers, et qui mobilise une part importante des moyens de l'Etat". Le propos est grave, puisque le RCD évoque carrément les risques d'"une révolte aux conséquences incalculables". Un constat que le conseil national du parti tire des rapports des représentations régionales du parti. "Sur tous ces sujets, les rapports des représentations régionales du parti notent les inquiétudes des populations devant la dégradation des conditions de vie, les difficultés grandissantes de l'accès aux soins, le chômage endémique des jeunes, y compris les diplômés, et la démission de l'Etat devant la corruption et les détournements opérés au grand jour ou la prolifération de phénomènes de violence organisée et de la drogue", est-il noté dans les résolutions en question. Parallèlement, le RCD retient que "le choix d'une normalisation autoritaire qui couronne l'interdiction des activités publiques des partis de l'opposition, des marches et rassemblements, ainsi que "l'épuration" programmée dans les médias privés ne peut être la solution devant les revendications de liberté, de justice et de démocratie du peuple algérien". La parti de Mohcine Belabbas rappelle, dans ce sens, que "devant un pouvoir de fait, nous avons à tout moment fait des propositions pour que la crise de légitimité qui plombe la vie politique du pays et son développement, depuis 1962, se dénoue de manière pacifique et organisée. Nous avons mis en garde contre la manipulation de l'islamisme et les dérives qui nourrissent le régionalisme et le repli sur soi". Aujourd'hui, est-il précisé, "plus que jamais, les populations sont en proie au doute à cause d'un tissu social fragilisé par les injustices, des perspectives économiques compromises par la gestion clientéliste de la rente pétrolière, le désespoir d'une jeunesse qui fuit le pays et une situation régionale qui risque de balayer l'essentiel des acquis de la lutte d'indépendance victorieuse du peuple algérien". Autant de raisons qui font que le RCD entend maintenir "le combat politique pour l'avènement d'une transition démocratique négociée pour construire une voie pacifique qui redonne sa souveraineté au peuple algérien". Il rappelle, d'ailleurs, "l'adoption par l'essentiel de l'opposition d'une plateforme qui fixe les principes et les instruments d'une telle démarche (et qui) démontre qu'une alternative au chaos programmé par l'autoritarisme et la politique d'exclusion en vigueur existe." Et de conclure : "La concrétisation du rapport de force demeure l'objectif à construire." Mehdi Mehenni