Le secrétariat national du RCD, réuni vendredi en session mensuelle, craint le pire : "Une banqueroute financière de l'Algérie et une totale perte de la souveraineté nationale." Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) est en alerte. Son secrétariat national estime, dans un communiqué rendu public hier, que "le pays est désormais aux prises avec des menaces multiples". Les plus dangereuses et les plus immédiates sont "une banqueroute financière de l'Algérie et une totale perte de la souveraineté nationale". Et le RCD semble avoir plusieurs raisons pour craindre un tel scénario : "En ce quarante-cinquième anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, le pays subit une crise financière aux sombres perspectives. En une trentaine d'années d'extraction effrénée des richesses naturelles, le régime algérien a réussi à aggraver la dépendance du pays tout en épuisant ses richesses naturelles. Les quelques subsides épargnés pendant une quinzaine d'années de faste avec un baril à plus de 110 dollars, présentés comme un butin de guerre, fondent plus vite que prévu, devant les tares et les précarités d'une gestion approximative et l'acharnement des clientèles à maintenir leurs statuts au détriment de larges couches de la population". Pour donner de l'argument à son analyse de la situation, le parti de Mohcine Belabbas a eu recours, dans son communiqué, à un exemple tout récent, à savoir "les péripéties liées à la suppression des franchises douanières contenues dans la note du Premier ministre, qui signifie en clair la dénonciation de l'accord d'association avec l'Union européenne". Pour le RCD, une telle situation "renseigne sur la panique et probablement des incompétences graves dans les centres de décision". Il est d'ailleurs souligné que "les rectifications apportées, plus tard, dénotent d'une légèreté inquiétante". L'autre grande inquiétude du Rassemblement est de voir le pays face à "des troubles sociaux incontrôlables". Et c'est à cause, d'une part, "du manque de ressources pour maintenir des transferts sociaux qui n'ont pour seule base matérielle que la rente pétrolière et gazière" et, d'autre part, "de la politique de répression contre les syndicats autonomes et l'intégration de l'UGTA, réduite à des chapelles bureaucratiques entretenues par la rente". Le RCD fait remarquer d'ailleurs que "l'organisation syndicale historique, symbole de la mobilisation et de sacrifices des travailleurs algériens pour la liberté et l'indépendance est aujourd'hui l'instrument privilégié du régime pour la domestication du monde du travail". Plus encore, il est précisé dans le communiqué en question que "l'organisation d'Aïssat Idir qui s'est dressée contre l'exploitation coloniale est aujourd'hui réduite à quémander l'installation de sections syndicales auprès d'opérateurs privés. Son silence au moment où des licenciements économiques se multiplient et le drame des travailleurs licenciés du Sud scellent son ‘expulsion' du monde du travail". Ce pourquoi le RCD considère que "l'absence d'une représentation forte et crédible dans ce secteur est une autre inquiétude". Et ce n'est pas tout, puisque le Rassemblement craint "une violence en lien avec une situation régionale explosive et les dérives régionalistes du régime algérien". Les raisons de telles appréhensions sont "les risques réels d'intervention militaire en Libye avec des débordements inévitables sur l'Algérie (qui) doivent constituer une préoccupation majeure". Ajouter à cela "la fragilité du tissu social, l'isolement du pouvoir qui ne tire plus de soutiens qu'à travers des allégeances extérieures conjuguées à des déséquilibres régionaux (et qui) ouvrent la voie à des dérapages qui font peser des menaces y compris sur l'intégrité et l'unité du pays. Signe des temps, la collaboration des populations du sud du pays avec les services de sécurité n'est plus ce qu'elle était et ce qu'elle doit être à cause, précisément, de la politique de répression et du sentiment d'exclusion". Face à toutes ces menaces, le RCD estime, cependant, qu'"il n'est pas trop tard pour mobiliser les Algériennes et les Algériens pour imposer un autre cours aux événements". Cela passe, de l'avis du parti de Mohcine Belabbas, "par l'ouverture d'une autre phase politique qui associe l'ensemble des forces vives du pays pour doter la nation d'institutions légitimes et crédibles". Mehdi Mehenni