Résumé : Il ne sera point aisé de faire entendre raison à des paysans rudes, qui ne comptaient que sur leur expérience pour soigner leurs animaux. Nadjette demande à El Hadj Mokhtar de l'aider dans sa campagne de vaccination. La vieille Khadoudj n'est pas de cet avis. Un peu freinée dans son élan, la jeune fille tente de s'accrocher : - Avant tout, je dois avoir l'aval des autorités locales. Nous verrons ensuite pour les paysans. - Je m'en chargerais, dit le vieux Mokhtar. Dès demain je vous accompagne chez le président de l'APC toi et Athmane. Tu lui expliqueras en détail ton projet. Ce soir, après la prière du maghreb, je descendrais au café pour m'entretenir avec quelques éleveurs de bétails. La vieille Khadoudj qui préparait le dîner hoche la tête d'un air désolé et lance un proverbe lourd de sous-entendus : - Il y en a qui récoltent sans avoir semé... - Viens mon fils, dit le vieux Mokhtar en prenant le bras de son fils. Sortons faire un tour. Athmane suit son père, tandis que Nadjette qui venait de débarrasser la table verse un peu d'eau dans un récipient pour laver les tasses. La vieille Khadoudj épluchait les patates en silence. - Attends, laisse-moi t'aider, propose Nadjette. Tu veux que j'aille les faire frire dans la cours ? - Non. Je peux le faire moi-même. Va plutôt t'occuper de tes affaires.. - Je viens de terminer ma tournée, je n'ai plus rien à faire khalti Khadoudj. - Moi non plus. Aller éloigne-toi de là. Trouve-toi une autre occupation. Les larmes embuèrent la vue de la jeune femme. Khadoudj était trop dure avec elle, et elle savait dès le premier jour de son arrivée, que même loin de toute animosité, elle la prendrait en grippe. La vieille était de cette trempe de femmes possessives et autoritaires qui veulent gérer elles-mêmes la vie de leurs enfants, choisir leurs brus, et les plier à leur volonté. En plus de ses exigences, elle doit être un peu jalouse et en vouloir à Athmane d'avoir ramené cette fille trop libre à son goût, qui finira par l'éloigner de ses parents et de son village. Nadjette sortit dans la cours, s'adosse à un mur et ferme les yeux pour méditer sur son avenir. Elle aimait Athmane d'un amour sincère, et ils s'entendaient fort bien tous les deux. Mais si elle doit représenter cette intruse indésirable pour ses parents, elle était prête à sacrifier sa propre vie. La nuit commençait à envahir les lieux, et un chien se met à aboyer au loin. Nadjette frissonne, et passe ses mains sur ses bras. Le froid l'incite à rentrer. La vieille Khadoudj était en train de faire cuire une galette. Sans prononcer un mot, Nadjette s'allonge sur une natte et ne tarde pas à s'endormir. Le vieux Mokhtar s'entretient avec plusieurs paysans sur une éventuelle campagne de vaccination qui leur évitera de grandes pertes. Athmane de son côté, leur proposa les services d'un vétérinaire-femme pour éradiquer le mal menaçant leur bétail. Hésitants au début, les éleveurs finirent par se concerter et approuvèrent à l'unanimité cette proposition; d'autant plus qu'Athmane qui était fort respecté pour "son savoir" avait insisté sur l'importance de l'opération. Il ne restait plus qu'une simple autorisation à faire établir au niveau des services de la commune et l'opération pourra commencer. C'et donc d'un cœur léger, que Athmane et son père reprirent le chemin du retour. (À suivre) Y. H.