Résumé : Nadjette inspecte l'écurie et s'occupe du bétail, avant de revenir à la basse-cour. Elle avait retiré deux morceaux de verre de la blessure du coq soigné auparavant par la vieille Khadoudj. Mais pour ne pas offusquer cette dernière, elle s'abstient de tout commentaire... La vieille Khadoudj, qui était occupée à servir, jugea opportun d'ajouter un mot : - Tu as jeté un coup d'œil à ma basse-cour ? - Oui, bien sûr. Et j'ai même pansé la blessure du coq. - La plaie s'était déjà refermée. Je l'ai bien soigné. - Euh... je l'ai bien remarqué. Le cataplasme était bien fait... mais j'ai quand même nettoyé la plaie en profondeur pour parer à toute infection. - Bien, je vois que tu peux bien me remplacer dans ce domaine. - Mais non, je suis encore trop jeune pour avoir ton expérience. Athmane, qui jusque-là avait gardé le silence, s'immisça à la conversation : - Mère, Nadjette est véterinaire. C'est-à-dire qu'elle a appris dans les livres ce que toi tu as appris sur le terrain. - Oui je sais... Mais reconnais, au moins, que l'expérience est la meilleure école qui soit. - Pourquoi fais-tu cette tête Khadoudj ? s'écrie le vieux Mokhtar excédé. Qu'as-tu à reprocher à ces enfants ? - Rien... Je ne leur reproche rien. Je... je suis juste un peu fatiguée. Elle se lève sous le regard acerbe de son mari. - Va te reposer mère, dit Athmane, Nadjette s'occupera du reste. - J'ai encore plein de choses à faire avant de penser me reposer... Ta mère n'est pas encore inutile Athmane... Au fait, je n'ai pas encore déballé tes affaires... Tu dois avoir du linge sale... - Pas du tout, mère... Nadjette a lavé tous mes vêtements la semaine dernière. Elle a même repassé mes chemises. Stupéfaite, la vieille Khadoudj demeure bouche bée devant cette révélation, avant de jeter un coup d'œil à son mari, qui épluchait une orange. Puis, elle regarde la jeune fille d'un air qui en disait long sur ses pensées. Gênée, Nadjette se pince les lèvres. Athmane vient à son secours : - Nadjette s'occupe bien de moi, mère, tu n'auras bientôt plus de soucis à te faire à mon sujet. - Mais... enfin, tu es mon fils ! s'écria la vieille Khadoudj... Je suis ta mère... Je dois m'occuper de toi jusqu'à ce que tu prennes femme...Euh... je veux dire légitimement devant Dieu et ses hommes. Nadjette baisse la tête et rougit jusqu'à la racine des cheveux. Le vieux Mokhtar se met à toussoter avant de se lever. - Je vais faire mes ablutions, lance-il en se dirigeant vers la courette. La vieille Khadoudj débarrasse la table et refuse catégoriquement l'aide de Nadjette qui se lève à son tour pour sortir dans la grande cour ensoleillée. "Athmane la suit, une cigarette à la main. Il lui tendit son paquet : - Tu veux une sèche ? Elle secoue la tête... - Non... Il ne manquerait plus que ça. Déjà que ta mère trouve scandaleux qu'on soit ensemble. Athmane lui prend la main: - Il ne faut pas lui en vouloir... Ma mère est issue d'une autre génération. Elle est conservatrice et très à cheval sur les traditions. Elle a ses humeurs certes, mais elle n'a pas mauvais cœur. Après tout, c'est une paysanne qui n'a jamais quitté son bled. (À suivre) Y. H.