"Cela fait plusieurs mois que la direction promet de revoir la grille des salaires, les conditions de travail et la sécurité aux arrêts, mais rien n'a été fait", dénonce un jeune contrôleur. Une grève surprise des travailleurs du tramway d'Alger a bloqué, durant toute la journée d'hier, les navettes entre Dergana, à l'est d'Alger, et le terminus du Ruisseau. Cette action inopinée, déclenchée depuis la matinée, a provoqué, aussi, le désarroi et l'ire des usagers qui sont près de 10 000 à emprunter chaque jour ce moyen de transport. Des usagers étaient hier dans l'obligation de se rabattre sur d'autres moyens de transport. Aux différents arrêts du tram, c'était la pagaille. Des personnes âgées et des enfants attendent impatiemment la reprise de la navette. En vain. À Bordj El-Kiffan, au siège de l'unité opérationnelle d'Alger de la Société d'exploitation et de la maintenance du tram (Setram), des dizaines de travailleurs attendent. Refusant de donner de plus amples informations sur leur action de protestation, certains ont confié, en catimini, qu'ils ne sont pas près de lâcher prise. "Cela fait plusieurs mois que la direction promet de revoir la grille des salaires, les conditions de travail et la sécurité aux arrêts, mais rien n'est fait", dénonce un jeune contrôleur. Pour lui, "il n'est pas question de reprendre le travail avant la réunion des délégués des travailleurs avec la direction". D'autres grévistes rencontrés devant le siège de la direction nous ont appris qu'une réunion s'est tenue avec le nouveau DG. "Y en a marre des promesses non tenues", s'insurgent-ils, ajoutant que "la direction est, cette fois-ci, acculée à répondre aux doléances des travailleurs et à tenir ses promesses". Interrogés sur le choix d'une grève spontanée, nos interlocuteurs estiment que la direction "doit être mise devant ses responsabilités". Et d'ajouter : "Ce n'est pas la première fois que nous déclenchons une action de protestation, mais à chaque fois que la direction est informée, elle vient nous amadouer avec de fausses promesses." Un autre contrôleur rencontré sur les lieux a confié que "les conditions de travail des contrôleurs et des caissiers sont insupportables". Il a précisé qu'à partir de 19h, "le seul souci des travailleurs est leur sécurité". Il a souligné que "des travailleurs ont été agressés, d'autres molestés par de jeunes voyous qui rôdent dans le tram". "Cette situation ne peut plus durer", crie-t-il, avant de lancer un appel aux usagers pour leur expliquer que cette action "est inévitable" pour que les travailleurs "arrachent leurs droits", selon ses dires. Contactée, la direction générale du tram s'est refusée à tout commentaire. Dans un communiqué rendu public, dans la matinée, la direction a souligné que la grève est "sans revendications", ajoutant que "la DG de la Setram, qui a fait du dialogue social et de la discipline de travail, une ligne de conduite constante et non négociable, restera donc intransigeante face à tout mouvement anarchique qui pénalise directement les usagers". Le nouveau directeur général de Setram s'est, pour sa part, "excusé", car, nous a-t-il dit : "Je suis en réunion donc je ne peux pas répondre à vos questions." À rappeler que le tramway d'Alger a été mis en service le 8 mai 2011. Il compte aujourd'hui une ligne de 23 km, reliant la station multimodale du Ruisseau à la station de Dergana, traversant les communes d'Hussein-Dey, d'El-Magharia, d'El-Harrach, de Bab-Ezouar et de Bordj El-Kiffan. La société d'exploitation du tramway, une entreprise française, avait signé un contrat pour la gestion des trams d'Alger, d'Oran et de Constantine pour une période de dix ans. Mohamed Mouloudj