L'association socioculturelle Taddart-iw du village Taourirt, dans la commune de Tibane, daïra de Chemini (wilaya de Béjaïa), a organisé, hier, une journée commémorative en hommage à Mohand Ameziane Saïl, un militant anarchiste et indépendantiste méconnu, natif de cette localité de la tribu des Ath Waghlis, en 1894, décédé en avril 1953 à Bobigny, dans la banlieue parisienne. À ce titre, les membres de l'association organisatrice, à leur tête Ameziane Hadjab, ont élaboré un riche programme d'activités, dont une exposition de coupures de presse, de photos et de documents retraçant la vie et l'œuvre du militant anarchiste originaire de la région, organisée à la bibliothèque communale de Tibane. Dans l'après-midi de la même journée, cette structure a abrité une table ronde sur cet ancien chauffeur-mécanicien, en présence des chercheurs universitaires, des élus locaux, des syndicalistes, des militants politiques et associatifs... Invité à prendre la parole lors de cette rencontre-débat, le Pr Djamal Aïssani, président de l'association savante Gehimab de l'Université de Béjaïa, a tenu à rendre hommage aux jeunes du village Taourirt pour avoir pris l'initiative de mettre en lumière le défunt Mohand Ameziane Saïl et rescussiter son œuvre et sa pensée. "Il fut peut-être le premier intellectuel d'expression française de toute la région, puisqu'il publia plusieurs articles de presse dès le début des années 1920. Il a fréquenté l'une des cinq écoles coloniales implantées dans la tribu des Ath Waghlis depuis 1885", dira le Pr Aïssani. De nombreux militants se réclamant de la gauche, à l'image de l'ex-maire de Barbacha, Mohand Saddek Akrour, se sont relayés au micro pour mettre en exergue le combat de cet anarchiste disparu, mais aussi pour mettre en avant leurs idées qui se trouvent très proches de celles défendues par ce dernier. Pour M. Akrour, militant berbériste et ancien détenu des événements de 1980, le peuple amazigh est anarchiste de nature, de par son organisation sociale, ses us et coutumes... L'orateur a estimé que les idées anarchistes que prônait Mohand Ameziane Saïl commencent à reprendre du terrain et finiront à coup sûr par prendre le dessus dans ce monde en ébullition. Notons que les différents intervenants ont insisté sur la nécessité de continuer ce travail de mémoire et de recherche visant à réhabiliter le valeureux parcours de ce militant anticolonialiste. Enfin, il y a lieu de signaler que cette journée commémorative a été clôturée par l'inauguration d'une stèle à l'effigie du regretté Mohand Ameziane Saïl, qui trône désormais au milieu de son village natal, Taourirt. Cette cérémonie sera suivie par une collation en l'honneur des invités de la commune de Tibane. K. O.