S'il reconnaît que le ministère a "la responsabilité et le devoir de dire toute la vérité" sur le décès des quatre nourrissons, M. Mesbah refuse d'avancer quoi que ce soit tant que les résultats des enquêtes ne seront pas connus. Soupçonné d'avoir causé le décès de quatre nourrissons — deux à la clinique privée Les Orangers de Rouiba, fin juillet dernier, un à l'hôpital de l'Arba (Blida), en août, et un autre, mercredi dernier, dans un Epsp à Saïda —, même si les résultats des enquêtes judiciaires ne sont pas encore connus, le vaccin Pentavalent pour bébés est définitivement retiré sur décision du Comité national d'experts de la vaccination. Une décision prise "par précaution et mesure de sécurité", a confirmé, hier, en conférence de presse, le directeur de la prévention au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, le Pr Smaïl Mesbah, même s'il écarte, du moins pour l'instant, l'existence de la moindre preuve scientifique sur l'incrimination de ce vaccin désormais redouté et par les parents et par les staffs médicaux spécialisés. S'il reconnaît que le ministère a "la responsabilité et le devoir de dire toute la vérité" sur le décès des quatre nourrissons, comme le réclament les familles des victimes, M. Mesbah reste néanmoins incapable d'avancer quoi que ce soit tant que les résultats des enquêtes judiciaires ne sont pas encore rendus. Dans l'attente de ces résultats et devant les réticences affichées et par les parents et par les staffs médicaux face à ce vaccin importé de l'Inde, rappelle-t-il, le ministère a, toujours sur recommandations des experts, pris la décision de suspendre la vaccination des bébés au Pentavalent et de résilier le contrat avec le fournisseur indien. Une suspension, explique le responsable du ministère, qui durera "au maximum deux mois", soit le temps de conclure un contrat avec un autre fournisseur "de renommée mondiale" et, donc, l'arrivage des premiers lots du nouveau Pentavalent. "Un délai universellement admis", selon le Pr Mesbah qui rassure, au passage, les parents des bébés non encore vaccinés et des futurs nouveau-nés, qu'une campagne de "rattrapage" sera organisée à leur profit une fois le nouveau Pentavalent disponible. Le Pentavalent, faut-il le rappeler, consiste en une combinaison de 5 vaccins - d'où le nom Pentavalent - est indispensable aux nourrissons pour se protéger contre cinq maladies : la diphtérie, la coqueluche, le tétanos, la poliomyélite et l'haemophilus influenzae B. Ce qui enthousiasme le directeur de la prévention au ministère à soutenir que le programme de vaccination se poursuivra, en dépit de cette perturbation imprévue. Il assure à ce titre que le retard (deux mois, ndlr) reste "largement rattrapable et n'aura pas d'impact sur la santé des sujets à vacciner". Selon le responsable de la prévention au ministère, le changement du fournisseur indien ne serait, pour autant, qu'une "mesure préventive". Est-ce un mea-culpa non assumé ? Tout comme le ministre de tutelle qui s'est déjà exprimé sur le sujet, le Pr Mesbah se cache derrière les résultats de l'enquête qui tardent à être connus. Comme pour évacuer la piste soupçonnée, à savoir que les 4 décès seraient directement liés au vaccin, le responsable du ministère rappelle que plus de 200 000 doses du même Pentavalent avaient été inoculées aux nourrissons à travers le territoire national. Présent à la conférence de presse d'hier, le responsable du centre de référence de la grippe et des virus respiratoires de l'Institut Pasteur d'Algérie, (IPA), le Dr Faouzi Derrar a tenu à préciser, à juste titre, qu'une enquête sur l'innocuité ou non d'un vaccin pourrait durer jusqu'à "2 ans, voire plus !". Cela laisse entendre que les résultats des enquêtes engagées ne sont pas pour demain. Pourtant, faut-il le rappeler, les analyses effectuées dans le même institut, (IPA), sur les premiers lots du Pentavalent retirés après le décès des deux premiers nourrissons à Rouiba, étaient déclarées, selon le ministre, "négatives". Décidément, la désormais "affaire Pentavalent" ne connaîtra pas son épilogue de si tôt. Farid Abdeladim