Le ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, a tenu à les rassurer qu'il attendait les résultats de l'enquête judiciaire pour connaître les vraies causes du décès des trois nourrissons. L'affaire du décès de trois nourrissons, deux à la clinique privée "les Orangers" de Rouiba, à l'est d'Alger, et un autre à l'hôpital de l'Arba (Blida), après avoir été vaccinés au Pentavalent, est encore loin de livrer tous ses secrets. Et les récentes affirmations du ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, qui a écarté le fait que ce vaccin soit la cause de leur décès, ne convainquent surtout pas les familles des victimes. Pour les parents de Laeticia Idou, l'une des deux victimes de la clinique de Rouiba, L. et R. Idou, les questions restent encore posées sur le décès de leur fille et deux autres nourrissons, tant que, regrettent-ils, "ni les rapports d'autopsie ni les résultats des analyses toxicologiques ne sont publiés à ce jour". Dans leur lettre intitulée "M. le ministre, de quoi est décédée notre fille ?", les parents de Laeticia réclament, de ce fait, la "levée du voile sur la vérité quant au décès de (leur) fille pour enfin pouvoir faire (leur) deuil". Le ministre avait, rappelons-le, cité les résultats des analyses effectuées par l'Institut Pasteur sur le vaccin incriminé, en l'occurrence le Pentavalent. Ce vaccin consiste en une formule englobant 5 vaccins — d'où le nom Pentavalent — prescrite pour protéger les nouveau-nés de la diphtérie, de la coqueluche, du tétanos, de la poliomyélite et des infections invasives à haemophilus influenzae de type B (méningites, septicémie...). Le décès des trois enfants avait néanmoins contraint le ministre de la Santé à ordonner la suspension de la formule Pentavalent et sa substitution par une autre, trivalent, (3 vaccins), pour, justifie-t-il, faire face à la résistance affichée par les parents contre le Pentavalent soupçonné d'être dangereux pour la santé des enfants. "Malgré toutes les affirmations du ministre de la Santé quant à l'innocuité du vaccin et son obstination à nier l'évidence, le Pentavalent a fini par être retiré définitivement du marché algérien (...)", soulignent dans leur plainte les parents de l'une des deux victimes enregistrées à la clinique de Rouiba, qui regrettent que le fait que le ministre "n'avance pas la moindre explication ou raison valable" de ce retrait. Ce qui conforterait, selon eux, l'hypothèse de "la responsabilité directe" du vaccin dans le décès de leur fille. Si le ministre avait affirmé qu'il préférait attendre les résultats de l'enquête enclenchée par la justice sur ce dossier pour définir les vraies causes des trois décès, cela ne l'avait pas empêché de soupçonner "une fièvre interne", ("houmma dakhilia", pour reprendre son propos tenu en arabe). "Une invention non répertoriée dans les encyclopédies médicales", regrettent les parents de la victime, non sans dénoncer "des propos méprisants" du ministre pour avoir déclaré, se rappellent-ils, qu'"il n'y avait que deux décès sur 7 enfants vaccinés à Rouiba et 1 seul sur 33 à l'hôpital de l'Arba". Interrogé à ce sujet, M. Boudiaf a tenu à les rassurer qu'il attendait, comme eux, les résultats de l'enquête pour connaître les vraies causes du décès des trois nourrissons. Il a également tenu à préciser qu'il comprend parfaitement la détresse des parents et partage leur douleur et que sa déclaration n'avait pas pour objectif de minimiser le drame, "loin s'en faut". Il promet de rendre publics les résultats de l'enquête dès qu'ils seront connus. Farid Abdeladim