Face aux réticences des parents et des professionnels de la santé chez qui le doute persiste quant au vaccin Pentavalent combiné DTC-HIB-HVB conformément au nouveau calendrier vaccinal introduit en avril 2016, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière réunira cette semaine le comité d'experts chargé de la vaccination afin de trancher définitivement la question relative à l'utilisation du Pentavalent ou revenir à l'ancienne formule portant des vaccins uniques. Excluant la responsabilité des vaccins dans le décès des deux nourrissons l'été dernier dans une clinique privée à Rouiba, en attendant les résultats définitifs de l'enquête judiciaire, Abdelmalek Boudiaf — en visite d'inspection, hier, à l'Institut national de santé publique (INSP) dont le but est la réhabilitation de cette prestigieuse institution — a tenté de rassurer la population et d'affirmer que, par mesure de précaution, le Pentavalent sera probablement, sur avis des experts, retiré pour revenir à l'ancienne formule. D'autant plus, a-t-il encore souligné, que l'OMS a signalé que des décès de nourrissons ont déjà été enregistrés dans certains pays où le Pentavalent a été utilisé. Effectivement, la revue de l'OMS consacrée à la vaccination, éditée en 2013, fait référence à ces décès de nourrissons après vaccination au Pentavalent, tout en réaffirmant que ce vaccin demeure préqualifié et non sans innocuité. Par ailleurs, des associations internationales ont signalé à plusieurs reprises que des décès de nourrissons ont été liés à l'utilisation du vaccin Pentavalent. «Le Bhoutan, le Sri Lanka, le Pakistan et le Vietnam ont déjà interdit ce vaccin. Le Bhoutan l'a interdit après le décès de quatre bébés, mais l'aurait apparemment rétabli suite aux exhortations de l'OMS, puis l'a à nouveau interdit après la mort de quatre nouveaux bébés. Un pédiatre indien a également dénoncé le rapport bénéfice/risque défavorable au Pentavalent», a-t-on rapporté. La question qui se pose est de savoir si le comité des experts algériens proposera l'interdiction de ce vaccin. Selon le directeur de la prévention au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, le professeur Mesbah, la décision revient aux experts, tout en rassurant que le vaccin est toujours préqualifié par l'OMS. Il précise par contre que suite au décès des deux nourrissons, «les premiers lots des deux vaccins, Pentavalent et antipneumococcique, ont été retirés par mesure de précaution. Mais la vaccination a été poursuivie avec d'autres lots et toutes les mesures ont été prises afin de s'assurer que tout se passe dans de bonnes conditions. La réunion des experts est effectivement prévue ces jours-ci, la problématique sera posée et on discutera des modalités à mettre en place pour rassurer les parents et le personnel médical afin de faire face à leurs réticences», a expliqué le Pr Mesbah. A noter que le Pentavalent du laboratoire indien est importé par l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA) dont les commandes varient entre 4 500 000 à 5 500 000 doses. Dans le cas où le comité d'experts déciderait le retrait définitif de ce vaccin, que fera le ministère de la Santé de toutes ces quantités ou va-t-on leur réserver le sort du vaccin H1N1 ? En attendant, des enquêtes sont en cours, notamment celle des services de sécurité, et ce, particulièrement sur le marché des vaccins.