Résumé : La journée passe agréablement pour le jeune couple. Grâce au soutien de son mari, Narimène avait enfin pu tirer un trait sur sa phobie de la mer et se laisse aller aux joies de la natation. Racim la taquine un moment, puis ils dînent et prennent des glaces avant de rentrer. Racim s'esquive dans la cuisine et met de l'eau à chauffer avant d'allumer une cigarette. Il était heureux et sentait son bonheur inonder tout son être. À la fin du week-end, il se rendra au bureau et prendra toutes les dispositions nécessaires pour se débarrasser de ses tâches les plus urgentes. Après ça, il pensera à prendre quelques jours de congé et s'envolera avec Narimène sous d'autres cieux. Cela fait des années qu'il ne s'était pas permis une escapade pour se détendre. Tous ses déplacements et ses voyages s'étaient limités à des réunions, des rencontres professionnelles, des congrès. Cela n'en finissait pas et devenait de plus en plus infernal. Il était grand temps de penser à souffler un peu. Maintenant qu'il est marié, il doit aussi penser à sa jeune femme qui, à coup sûr, s'ennuierait à mourir s'il la délaissait et ira trouver le plus souvent refuge chez ses parents. L'eau commençait à bouillir. Il prend du thé sur une étagère et une tasse. Le breuvage prend une couleur dorée. Il rajoute une cuillère de miel et se met à le siroter, tout en se dirigeant vers sa chambre. Narimène s'était endormie tout habillée en serrant son oreiller contre elle. Il s'approche et la contemple un moment. Elle affiche une petite moue. Sûrement un rêve. Elle soupire, puis se détend et se tourne sur le côté. Racim tire un peu sur l'oreiller pour lui permettre de se mettre à l'aise et la couvre d'un drap. Elle semblait si innocente dans son sommeil qu'il se pencha et l'embrassa sur le front. Elle grommelle quelque chose puis met son pouce dans sa bouche. Il sourit et reprend son thé. Il n'avait pas sommeil. Depuis plusieurs années, il avait pris un mauvais pli. Il travaillait très tard, et ne dormait qu'au petit matin, pour ne se réveiller que vers le milieu de la matinée. Il devrait se remettre sérieusement en question sur ce point. Narimène ne devrait pas souffrir de ses insomnies et de ses veillées tardives. Et pourtant, suivant son vieux réflexe, il se dirige vers son ordinateur et l'allume. Il ne pouvait rester là et compter les étoiles jusqu'au petit matin. Il ouvre quelques fichiers et consulte sa messagerie puis se lance dans un labyrinthe de chiffres qui accaparera son attention des heures durant. Ses yeux s'alourdirent. Il se lève, s'étire et lance un regard à Narimène qui dormait profondément. Il n'arrivait pas encore à admettre qu'il était marié et que cette jeune et jolie femme dans son lit était son épouse. Il passe la main dans ses cheveux et bâille à se décrocher les mâchoires avant d'aller enfin s'allonger près d'elle pour sombrer immédiatement dans un sommeil bienfaiteur. Il faisait grand jour lorsqu'enfin il daigne ouvrir les yeux. Narimène était déjà levée et il l'entendit s'affairer dans la cuisine. Elle avait mis la radio, et quelques morceaux de musique parvenaient à ses oreilles. La maison reprend vie, se dit-il. Des années durant, il avait rêvé de mener une existence paisible et joyeuse. Mais les circonstances ne lui avaient pas permis de penser à certains détails, qu'il considérait jusque-là facultatifs. Il avait vécu comme un moine, près de sa mère, qui certes exauçait ses menus désirs, sans pour autant lui apporter quelque chose qui aurait pu lui faire sentir qu'il n'était pas seul dans ce monde. L'affection de sa mère ne suffisait plus à combler son être, et il s'était fait une raison pour mener une vie active et sans trop d'aléas, en se consolant de savoir qu'il avait quand même réussi dans ses affaires, et que son entreprise qui était au bord de la faillite avait fait un bond en avant, grâce à son ingéniosité. Cependant, il ressentait toujours un manque. Il détestait ce vide angoissant qui se creusait un peu plus en lui chaque jour. Il s'était demandé souvent s'il ne frôlait pas une dépression. Il travaillait trop, certes, ne se reposait pas beaucoup, mais trouvait tout de même une certaine sérénité et ressentait une satisfaction personnelle à chaque fois qu'il gagnait un marché, ou venait à bout d'une délicate négociation commerciale. Narimène ouvre tout doucement la porte de la chambre et passe la tête avant de constater qu'il était bel et bien réveillé. (À suivre) Y. H.